Les fruitiers rares
 
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Article publié en 2010, enrichi en 2015.
Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.
Tous droits réservés.

 

 

Culture du Figuier

 

Quelques observations et conseils

 

 

 

Je cultive sur le littoral varois une collection de quatre-vingt-quatorze variétés de figuier, commencée il y a une trentaine d'années. Le présent article rassemble quelques observations et conseils résultant de mon expérience personnelle.
 

Ficus carica 'Panachée'

Ficus carica 'Panachée'.

 

SOMMAIRE

 

(cliquer)

La taille du figuier bifère

Ma méthode de bouturage du figuier

Le danger de la glu arboricole

Double transplantation d'un gros sujet

Transformer en touffe un figuier conduit en tronc unique

Supprimer le tronc d'un jeune figuier sans le couper

Comment planter pour augmenter la résistance au froid

La mouche noire du figuier

La drosophile asiatique : quel danger pour les figues ?

La touche de la figue

Obtenir la récolte de figues la plus longue possible (choix variétal)

Les figuiers trifères

Vos interrogations sur le Figuier

 

TAILLE DU FIGUIER BIFÈRE

 

Les variétés bifères de figuier produisent deux récoltes par an : l'une en été (dite de figues fleurs) et l'autre en automne (dite de figues d'automne). L'erreur de taille à ne pas commettre pour ce type de figuier est de couper, en cours d'hiver, les rameaux de l'année précédente (ceux nés au printemps précédent, et dont certains ont fructifié en automne).

Ceux-ci portent en effet à leur sommet, à côté et au-dessous du bourgeon apical, les figues fleurs à l'état de bourgeons arrondis de la taille d'un grain de poivre. Elles sont nées sur la partie terminale du rameau pendant la saison de végétation et ont traversé l'hiver à l'état de bourgeons. Toute coupe équivaut donc à la suppression de figues fleurs, si le rameau est fertile.
 

Ficus carica : figues fleurs en fin d'hiver

Ficus carica : figues fleurs en fin d'hiver, au stade de bourgeons de la taille d'un grain de poivre.
 

Lorsqu' il y a deux bourgeons côte à côte, un seul des deux est un bourgeon à figue, l'autre est un bourgeon végétatif (à feuilles et à bois), souvent peu développé, mais parfois très développé et qui va produire un rameau latéral au printemps suivant. Il peut arriver cependant que deux bourgeons à figue encadrent un bourgeon végétatif (qui est alors central dans un groupe de trois).Dans ce cas, le bourgeon végétatif est rudimentaire, aplati et disposé verticalement  par rapport à l'axe du pétiole.
 

Ficus carica : figue fleur et bourgeon végétatif en fin d' hiver

Ficus carica : figue fleur (à gauche) et bourgeon végétatif, en fin d'hiver.
(noter la cicatrice de la feuille au-dessous des bourgeons).

 

Au stade grain de poivre, les bourgeons à figue sont souvent difficiles à distinguer des bourgeons végétatifs. Parfois, le bourgeon végétatif, peu développé, est en pointe et facilement reconnaissable, mais souvent tous les bourgeons sont plus ou moins arrondis (sauf, bien entendu, le bourgeon apical). Ce n'est que lorsque les bourgeons commencent à se développer, au début du printemps, que qu'on peut distinguer nettement les bourgeons végétatifs qui deviennent pointus des bourgeons à figue qui restent arrondis à leur sommet, bien que les écailles du futur ostiole soient parfois en légère pointe.

Ceci précisé, il faut bien tailler un figuier trop encombrant. Mais mieux vaut connaître les conséquences de ce que l'on fait... Si l'on doit tailler un figuier bifère et que l'on souhaite conserver une partie de la récolte de figues fleurs, la pratique la plus courante est de tailler, une première année, la moitié des branches à supprimer, puis de tailler, l'année suivante, l'autre moitié. Mais le résultat s'avère inesthétique si l'on procède par découpage de l'arbre en deux parties symétriques. Il vaut mieux tailler la moitié des branches à supprimer en les sélectionnant par endroits une à une sur l'arbre pour lui laisser une forme harmonieuse.

Une technique plus sophistiquée, mais qui requiert d'être aguerri, est de se baser en outre, pour la sélection, sur la présence ou non de bourgeons de figues fleurs sur les rameaux nus (c'est plus facile à voir en fin d'hiver). On peut ainsi supprimer en priorité les rameaux n'en portant pas et qui ne vont donc pas fructifier. Pour ceux portant des bourgeons de figues fleurs, il convient de tenir compte du nombre de bourgeons présents sur chacun des rameaux pour couper de préférence ceux qui en portent le moins.

Deux conseils, valables également dans le cas des figuiers unifères. D'une part, il convient de mastiquer soigneusement les plaies de taille, aussi minimes qu'elles soient, l'espèce étant sensible à l'introduction de parasites via des plaies ouvertes, car cicatrisant avec difficulté. D'autre part, il faut attendre le meilleur moment pour effectuer des tailles de branches de très gros diamètre : le début du printemps, juste avant que la plante ne débourre. La montée de sève va faciliter la cicatrisation des plaies. C'est la même période, d'ailleurs, qu'il faut attendre pour la transplantation de gros sujets.
 

Ficus carica : figues fleurs au moment du débourrement des feuilles

Ficus carica : figues fleurs au moment du débourrement des feuilles.

 

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MA MÉTHODE DE BOUTURAGE DU FIGUIER

 

Je prélève des baguettes d’environ 20 cm du 5 février au 5 mars, avant le débourrement des feuilles (je réside sur le littoral méditerranéen, dans la région de Toulon). Le diamètre optimal de la baguette est celui d'un pouce ou plus. Des diamètres inférieurs sont possibles, faute de mieux. Le développement de la bouture racinée sera simplement moins vigoureux.

Il s'agit de boutures simples, à talon ou en crossette, selon les possibilités. Toutes mes boutures sont munies de l’oeil terminal, même s'il peut en être autrement en fonction des possibilités de prélèvement. Je préfère les boutures avec oeil terminal car la croissance du scion en hauteur, donc du futur tronc, est plus esthétique.

Je prélève du bois de l'année exclusivement. J'évite les baguettes trop vertes, insuffisamment lignifiées, plus difficiles à bouturer. Si je n'ai pas le choix, je n'hésite pas à prélever des baguettes vertes, mais mes résultats sont moins bons. Un ami pépiniériste prélève du bois de deux ans lorsqu'il est à court de bois de l'année. Je n'ai jamais testé les baguettes exclusivement de bois de deux ans, me limitant pour celui-ci à la partie talon ou crossette de la bouture...

Je plante mes boutures dans des containers de 3 litres de préférence, remplis d’un mélange bien fait, moitié terreau et moitié terre consistante. Dans le fond du container, avant de verser le mélange, je place une couche de 2 cm de terre pour éviter trop de fluidité de l’eau lors des arrosages. Je remplis le container en laissant environ 2 cm non remplis en haut, de façon à ce que l’eau d’arrosage ne déborde pas du container.

Je place une à trois boutures par container, selon leur diamètre. Dans le cas de boutures nombreuses, pour gagner de la place, j’utilise des containers de taille supérieure (5 à 20 litres) et je plante plus de 3 boutures par container, en veillant à ce qu’environ 10 cm séparent en tous sens les boutures les unes des autres. Les boutures sont plantées au minimum à 5 cm du bord du container.

Je compte le nombre d'yeux présents sur la bouture, et j'enfonce celle-ci dans le pot en veillant à ce que la moitié des yeux soit enterrée et que l'autre moitié se situe au-dessus du mélange. Dans le cas d'une bouture courte à trois yeux, j'en enterre deux, un seul restant donc au-dessus du substrat. Avec la pointe des doigts, je tasse légèrement le mélange autour des boutures sur toute leur longueur, puis je comble les dépressions entre les boutures qui résultent de ce tassement en ajoutant du mélange. En fin de plantation des boutures, je tasse le contenu du pot en frappant légèrement mais fermement sa base contre le sol et je remets à niveau le mélange en surface.

Puis j’arrose largement le pot, mais à jet doux. Le niveau du mélange descendant par tassement au cours de l'arrosage, en fin de celui-ci je comble à nouveau en surface en ajoutant du mélange et en tassant légèrement du plat des doigts (sans arroser ensuite). Et je place les containers à l’ombre, légère de préférence (je souligne ce point : pas de soleil direct) et je veille à arroser les boutures de façon à ce que le mélange reste légèrement humide en permanence (soit tous les jours ou tous les deux jours sous mon climat). Si le mélange est conservé trop humide en permanence, il y a un risque important de pourrissement des boutures.

J’obtiens avec cette méthode un bon niveau de résultats, de l’ordre de 80 % à 100 %. Pour certaines variétés dont je connais la difficulté de bouturage (par exemple 'Grise de la Saint-Jean'), je trempe la partie de la bouture à enterrer dans de l’hormone de croissance, mais je ne m’en fais pas une obligation. Sans hormone de croissance, j’obtiens avec ma méthode 30 à 40 % de succès pour les variétés difficiles. Les connaissant, je mets en bouturage pour celles-ci un plus grand nombre de baguettes.

Dans le cas où j'utilise de l'hormone de croissance (liquide ou poudre), je fais en sorte d'éliminer le surplus en secouant la bouture ou en faisant frapper le bas de celle-ci contre une surface dure. Puis, je réalise dans le substrat (avec un bout de bambou) un trou vertical assez large pour que la bouture soit enfoncée sans frotter, évitant ainsi que l'hormone ne soit enlevée. Je tasse ensuite légèrement le substrat autour de la bouture sur toute sa longueur.

Le succès des boutures se constate en fin d’été seulement (certains démarrages de végétation s'effectuent sans réel enracinement). J'attends la défoliation naturelle complète des boutures pour transplanter celles-ci hors du pot. Pour le dépotage, trois cas peuvent se présenter.

Si une bouture a été plantée isolément dans un container de 3 L et que le développement a été vigoureux, la masse racinaire remplit pratiquement le container et je plante directement le jeune plant en motte à l'emplacement définitif du figuier. Si une bouture a été plantée isolément dans un container de 3 L et que le développement a été faible, je laisse la bouture forcir une deuxième saison dans le même container, sans la dépoter. Si plusieurs boutures ont été plantées dans le même container, je dépote l'ensemble du contenu du pot, maintenu compact par les chevelus racinaires des boutures.

Pour cela, avant de tirer le contenu, je couche le container sur le sol ou sur du papier journal posé sur un support horizontal, les boutures étant alors à l'horizontale. Je fragmente le mélange contenant les racines avec beaucoup de précautions car les racines sont fines, fragiles et en partie enchevêtrées. Si du substrat reste accroché entre les racines, je le conserve. Parfois, une des boutures se présente presque en motte.

Une fois les boutures dégagées avec chacune leur chevelu racinaire, je les plante rarement directement en terre à l'endroit où le figuier va se situer. Je laisse les boutures forcir une nouvelle saison en plaçant chacune d'entre elles seule dans un container de 3 à 5 L. Lorsque les boutures sont très nombreuses, je les fais forcir en tranchée dans le sol, si possible à l'ombre légère, la terre étant amendée de terreau. La tranchée mesure 30 cm de large et de profondeur. Les boutures sont espacées de 50 cm sur la ligne et, dans le cas de tranchées parallèles, sur le rang. Elles sont arrosées de la même façon que lors de la saison d'enracinement.

J'effectue la plantation à l'emplacement définitif des figuiers après cette deuxième saison de croissance, lorsque les sujets de deux ans sont totalement défoliés (courant novembre dans ma région).

 

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LE DANGER DE LA GLU POUR LE FIGUIER

 

Pour limiter la pression excessive des fourmis, j'eus l'idée, a priori banale, d'enduire de glu arboricole une portion du tronc de figuiers âgés de 5 à 15 ans. De façon inattendue, le résultat fut désastreux ... Voir l'article relatant cette expérience malheureuse. A l'issue de celle-ci, je n'utiliserai plus jamais l'application directe de glu arboricole sur le Figuier et même sur tout autre arbre fruitier.

 

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DOUBLE TRANSPLANTATION D'UN GROS FIGUIER EN TOUFFE

 

Il y a quelques années, j'ai dû me séparer d'une parcelle de terrain abritant un beau figuier de grand intérêt. Il s'agissait d'un individu de la variété unifère 'Bellone', âgé de 17 ans et conduit en touffe. J'avais planté initialement cinq boutures assez hautes (entre 0,5 et 0,8 m), disposées en cercle et légèrement inclinées. Je les avais volontairement laisser croître sans aucune taille. Le résultat était une touffe de 3, 5 m de haut avec cinq troncs et des longs jets latéraux, dont certains presque à ras de terre, lui conférant une envergure de six mètres.

La variété 'Bellone', anciennement très connue et pratiquée dans la région de Nice, est l'une des variétés de figue que je préfère : son fruit possède un caractère exceptionnel. La couleur, la texture et le goût de cette figue allient à la fois le raffinement d'un cultivar de premier rang et les traits caractéristiques et surprenants d'un figuier sauvage. Qui n'a jamais goûté une figue Bellone bien mûre ne saura jamais vraiment ce qu'est une figue... Cette variété unifère produit des fruits de taille moyenne. En sus de ses qualités organoleptiques hors du commun, elle se prête merveilleusement à la transformation (séchage, confiture, compote...).
 

Ficus carica : figue de la variété Bellone (unifère)

Ficus carica : figue de la variété Bellone (unifère).

 

Ficus carica : pulpe de la variété Bellone.
 

Pour toutes ces raisons, je décidai de transplanter la touffe de la variété Bellone sur une parcelle que je conservais. Dans un premier temps, la touffe fut allégée de tous les longs jets latéraux, dont certains de gros calibre, près du sol et en hauteur, pour ne conserver que les troncs et les branches principales courtes. Puis les troncs furent rabattus à environ  2,5 m de haut et dépouillés d'une partie de leurs branches principales, celles restantes étant raccourcies. Les rameaux furent ensuite taillés au ras des branches à l'exception de quelques tire-sèves d'une cinquantaine de centimètres laissés dans la partie haute des branches. L'opération a été réalisée à la mi-mars, lors de la montée de sève qui aide les plaies à cicatriser. Celles-ci ont toutes été soigneusement mastiquées, quel que soit leur diamètre, pour éviter les chancres.

Une pelleteuse a été mobilisée pour sortir le reliquat de touffe avec une très grosse motte de 1 m de haut et de 1,5 m de diamètre. Pour le transport sur la nouvelle parcelle d'accueil, la touffe et son énorme motte ont été suspendues au bras de la pelleteuse, une bâche entourant la motte de façon très serrée et étant liée sur le dessus. Compte tenu de la réaction de la pelleteuse au poids de l'ensemble suspendu, celui-ci a été estimé à 1,5 tonne par le conducteur de l'engin, spécialisé dans les travaux agricoles.

La touffe a été soigneusement plantée dans sa nouvelle parcelle d'accueil, sans engrais mais avec apport de terreau, le trou de plantation étant un peu plus grand que la motte. Une cuvette d'arrosage a été confectionnée, avec des rebords de cinq doigts de hauteur. Le figuier a ensuite été arrosé une fois par semaine (cuvette à ras bord deux fois) pendant toute la saison sèche. En septembre, le résultat était assez décevant : peu de feuilles, quelques rejets chétifs au sol, pas de pousses vigoureuses sur les troncs. La saison suivante, même arrosage et constat assez négatif en fin de saison de végétation : un seul rejet notable au sol (un mètre de hauteur), et quelques pousses assez vigoureuses à l'extrémité de deux troncs seulement. Pratiquement aucune pousse sur les troncs.

Devant ce piètre résultat, je décidai d'ajouter la touffe de Bellone à un groupe d'arbres que je souhaitais transplanter à la fin de l'hiver suivant dans mon jardin de ville situé à 25 kilomètres de mes collections fruitières, afin de pouvoir la suivre de plus près. Mais, avant transplantation, j'ai réfléchi aux causes probables de la mauvaise végétation de la touffe de Bellone transplantée. Cela ne venait pas du sol ni de l'exposition. La touffe avait était transplantée dans une parcelle très favorable aux figuiers, où elle jouxtait une imposante touffe en hautes tiges de Grise de la Saint-Jean âgée de 70 ans. Sol profond, limon argilo-sableux, pH 7,4, exposition plein sud, soleil toute la journée.

J'ai pensé à un déséquilibre entre la masse racinaire et le volume végétatif en surface, ainsi qu'à un arrosage insuffisant. Au début du mois d'avril, alors que quelques feuilles commençaient à poindre, j'ai rabattu la touffe proprement et en prenant soin de bien mastiquer toutes les plaies, aussi petites qu'elles soient, pour éviter les chancres. J'ai supprimé la quasi-totalité des branches latérales que j'avais laissées sur la touffe lors de la première transplantation et j'ai raccourci chaque tronc d'environ quatre-vingt centimètres à un mètre, en égalisant les rares branches restantes avec les troncs. J'ai coupé au ras du sol un des troncs qui était trop incliné et qui aurait occasionné une gêne pour le transport. Les troncs ne mesuraient plus désormais que 1, 20 à 1, 80 m de haut.

Pelleteuse et camion-grue furent sollicités pour la transplantation dans mon jardin de ville du groupe de gros sujets, dont la touffe de Bellone. La touffe de figuier fut enlevée avec une motte plus petite que lors de la première transplantation, et le conducteur de la pelleteuse estima cette fois à 1,2 tonne l'ensemble motte et touffe. La plantation fut effectuée dans un trou plus grand que la première fois par rapport au volume de la motte, comblé avec un mélange moitié terre / moitié terreau et contenant au fond un lit de fumier de mouton séparé des racines par une bonne couche de terre. Cuvette d'arrosage plus profonde que lors de la première transplantation (huit à dix doigts de hauteur). Voir photographie ci-dessous.
 

Ficus carica : gros sujet en touffe après transplantation (début avril)

Ficus carica : gros sujet en touffe, après transplantation (courant avril).
 

L'arrosage, qui pourrait paraître exagéré à certains, a été régulier tout au long de la saison sèche qui a suivi la transplantation, à raison de trois fois la cuvette pleine tous les deux jours. Résultat extrêmement satisfaisant visible fin juillet (photographie ci-dessous) : beaux rejets au sol mais surtout nombreuses pousses sur toute la longueur des troncs, à l'exception de l'un d'entre eux qui portait des pousses plus clairsemées. La touffe a produit quelques figues, qui sont tombées avant maturité.
 

Ficus carica : gros sujet en touffe avec reprise satisfaisante après transplantation (fin juillet)

Ficus carica : gros sujet en touffe, avec reprise satisfaisante après transplantation (fin juillet).
 

L'enseignement que je tire de cette double transplantation est qu'il ne faut pas hésiter à rabattre sévèrement un gros sujet en touffe (hauteur des troncs inférieure à la taille d'un homme), et qu'il faut prévoir un arrosage très important, quasi déraisonnable au premier abord, même pour le littoral méditerranéen. Je ne sais pas si la couche de fumier de mouton, qui n'existait pas lors de la première transplantation, a joué un rôle important lors des premiers mois de pousse. En tout état de cause, son influence aura été positive lors de la saison suivante.

En ce qui concerne les deux saisons de mauvaise végétation avant la deuxième transplantation, on pourrait penser qu'elles ont quand même permis à la touffe de commencer à se rétablir. Je suis dubitatif car la motte a été nettement réduite lors de la deuxième transplantation, cette réduction annihilant l'éventuel allongement des racines pendant l'intervalle de deux saisons.

 

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TRANSFORMER EN TOUFFE UN FIGUIER CONDUIT EN TRONC UNIQUE

 

Couper le tronc au ras du sol : il s'ensuit le départ de plusieurs tiges. Un certain délai (pousse et taille de formation) est nécessaire pour reconstituer une touffe du volume et de la régularité des charpentières de l'arbre initial. Ceci est d'autant plus vrai que le sujet est plus âgé, même si le volume du système racinaire accroît alors la vigueur de la repousse, tout en restant sans effet sur la régularité souhaitable. On opère sans déterrer le figuier si la touffe doit remplacer le tronc unique au même endroit, mais on peut aussi, une fois le tronc coupé, transplanter le plant rabattu vers un nouvel endroit (motte ou racines nues).

Pour des sujets jeunes, on veut sauvegarder le tronc si on le souhaite. Il faut alors employer une autre technique. Déterrer le sujet (en motte ou à racines nues) et le replanter, sur place ou à un autre endroit, en l'inclinant de façon que le tronc fasse un angle égal ou inférieur à 45° avec le sol. Retailler ou supprimer les charpentières qui touchent le sol et empêchent d'atteindre cet angle une fois le tronc incliné. Si l'inclinaison est suffisante (angle à 45° conseillé), et si la variété s'y prête, une tige va pousser au bas du tronc, de façon pratiquement perpendiculaire à celui-ci. Cela donne une harmonie de deux tiges en "V" pour le début de la touffe.

Une plantation du tronc face à la position dominante du soleil pendant la journée facilite l'émission de la repousse dans le sens opposé au tronc. Indépendamment de la naissance de la tige précitée, qui peut ne pas s'effectuer chez certaines variétés, des rejets plus ou moins verticaux naissent au collet et seront supprimés ou conservés et taillés, selon la forme et le volume souhaités pour la touffe. Dans le cas où la repousse au bas du tronc ne s'effectue pas, on utilise une des repousses près du collet pour former le "V" initial, en inclinant à 45° cette repousse et en la tuteurant.

 

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SUPPRIMER LE TRONC D'UN JEUNE FIGUIER SANS LE COUPER

 

Cela paraît a priori impossible. Pourtant, en y réfléchissant bien, j'ai trouvé une technique pour le faire, du moins sur des jeunes sujets. Je relate dans un article particulier l'essai de cette technique sur un plant de quatre ans de la variété 'Abicou'.

 

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COMMENT PLANTER POUR AUGMENTER LA RÉSISTANCE AU FROID DU FIGUIER

 

Je ne suis pas qualifié pour parler d'expérience des techniques d'augmentation de la résistance au froid du Figuier, n'ayant cultivé de figuiers que sur la frange littorale méditerranéenne. Je livre toutefois le témoignage d'un de mes correspondants.

"J'habite dans une vallée au pied des Cévennes, sur un terrain en grande partie argileux et damé pendant des années par des chevaux, puis par des engins de terrassement. Après avoir fait construire, j'ai constaté pendant 5 ans que les figuiers que je plantais (soit achetés en pots, soit multipliés à partir de boutures) poussaient bien pendant la période végétative, mais que les pousses dépérissaient dès -2 °C. Elles disparaissaient en surface et repartaient du pied au printemps. J'ai persévéré, essayé de comprendre, car là où je me trouve il existe des figuiers sauvages un peu partout, qui résistent très bien au froid. J'ai observé que ce n'est pas dans n'importe quelles conditions. En effet, ils se situent sur des terrains légèrement ou franchement en pente, souvent au pied de roches, avec une terre drainante. Ayant lu que l'on pouvait gagner 10 °C de résistance au froid en plantant dans une terre drainante, j'ai décidé de tenter l'expérience. Depuis deux ans, à défaut de sous-soler mon terrain, je plante dans des grands trous remplis d'une terre amendée par beaucoup de sable et d'humus. J'ai constaté que les pousses des individus plantés de cette façon ont résisté à -11 °C début mars cette année. En revanche, les anciennes plantations ont été à nouveau rabattues au sol. J'ai pu déterminer que c'était dû à un mauvais aoûtement (une lignification insuffisante) des pousses. Cette lignification ne peut se réaliser que si les tissus de la plante ne sont pas gonflés d'eau".

Je constate que la corrélation établie par mon correspondant entre le mauvais aoûtement des rameaux et la faiblesse de la rusticité est corroborée par l'analyse de la résistance au froid du Figuier qui fait l'objet d'un article publié sur l'excellent site "Planet Fig", consacré à l'expérimentation du Figuier en régions froides, et animé par Marcello Finocchiaro.

 

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LA MOUCHE NOIRE DU FIGUIER

 

Si vous constatez que sur un figuier les fruits chutent en quantité avant maturité, soupçonnez l'action néfaste de la mouche noire du Figuier (en anglais Black Fig Fly), que l'on appelle aussi plus simplement la mouche de la figue. Sa dénomination latine a d'abord été Lonchaea aristella Beck., mais elle est désignée par les entomologistes d'aujourd'hui par la dénomination Silba adipata McAlpine.

L'action de la mouche noire du Figuier est redoutable : la totalité de la récolte peut être anéantie d'année en année. Pour les variétés bifères, les deux récoltes sont attaquées. Ce sont les petites figues vertes immatures qui sont touchées (elles virent progressivement au rouge violacé en se desséchant, et finissent presque toutes par chuter au sol). Les figues mûres peuvent également être infestées, mais cela est rare et l'attaque (ponte) a eu lieu lorsque la figue était immature, celle-ci ayant continué à évoluer vers la maturité malgré l'activité des larves.

Pour confirmer qu'il s'agit bien de la mouche de la figue, cherchez les trous de sortie de larve sur les figues qui ont chuté au sol, ou sur celles qui sont encore sur l'arbre et qui portent une zone violette plus ou moins étendue. Sur la plupart d'entre elles, vous trouverez un à quatre trous de sortie de larve. Pour les autres, les larves sont toujours à l'intérieur. En ouvrant les figues tombées prématurément, ou celles touchées et encore sur l'arbre, vous observerez des zones brunâtres dans la cavité centrale et des gros trous de galeries dans le placenta, qui sont des dégâts de larves.
 

Ficus carica : trou de sortie de larve de la mouche noire du Figuier

Ficus carica : trou de sortie de larve de la mouche noire du Figuier.

 

Ficus carica : dégâts des larves de la mouche noire du Figuier à l'intérieur d'une figue immature.

Ficus carica : dégâts des larves de la mouche noire du Figuier à l'intérieur d'une figue immature.
 

Pour la description de ce ravageur, son cycle de vie, et les moyens de le combattre, voir le site Internet qui lui est consacré.

 

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LA DROSOPHILE ASIATIQUE : QUEL DANGER POUR LES FIGUES ?

 

Drosophila suzukii Matsumura, la drosophile asiatique, ou drosophile à ailes tachetées (en anglais Spotted Wing Drosophila), s’est propagée aux Etats-Unis en 2008, puis en Europe à partir de 2009. Depuis 2010, elle a envahi progressivement la France, et soulève l'inquiétude des producteurs de fruits et des chercheurs du domaine agronomique. On la connaît aussi sous les noms de drosophile japonaise et drosophile de la cerise. Drosophila suzukii Matsumura est originaire d’Asie.

De couleur jaune brunâtre à jaune orangé avec des yeux rouge vif, elle mesure de 2 à 4 millimètres. On distingue facilement le mâle de cette espèce par deux taches noires à l'extrémité des ailes (une par aile), sur le bord antérieur de celles-ci. La femelle a les ailes totalement translucides, sans aucune tache ou bande.
 

Drosophila suzukii : adulte mâle sur figue en surmaturité avancée

Drosophila suzukii : adulte mâle sur figue en surmaturité avancée.
(noter les taches noires au bout des ailes).

 

Il est facile d'identifier la présence de Drosophila suzukii Matsumura dans un jardin ou un verger grâce à ces taches noires au bout des ailes, qui sont visibles à l'œil nu de près. Elles permettent de distinguer la drosophile asiatique de la mouche du vinaigre (Drosophila melanogaster Meingen), connue de longue date en France (les deux espèces sont par ailleurs strictement identiques à l'oeil nu).

L'ovipositeur de la femelle Drosophila suzukii, court, robuste et recourbé vers le haut, est fortement denté. Les dents sont plus nombreuses, plus grandes et plus dures que celles de l'ovipositeur des femelles des autres espèces de drosophiles. Cela permet à Drosophila suzukii d'entamer l'épiderme de certains fruits sains mûrs ou en cours de maturation pour déposer ses œufs, les femelles des autres drosophiles ne pouvant percer la peau que de fruits en surmaturité ou abîmés.

Je puis confirmer que le Figuier est bien une plante hôte de Drosophila suzukii Matsumura, car j'observe régulièrement depuis quelques années les femelles de cette espèce en cours de ponte dans les figues de mon verger. Et  j'observe régulièrement leurs œufs dans les figues lors de mes recherches sous stéréomicroscope. Pour plus de détails sur Drosophila suzukii Matsumura et son comportement sur la figue, voir l'article que j'ai publié sur le sujet. 

Toutefois, je ne considère pas Drosophila suzukii Matsumura comme un ravageur des récoltes de figues. Si la consommation des figues s'effectue au stade de maturité normale, il est rare de constater la présence de larves qui en compromettent la comestibilité. Cela arrive plus fréquemment si on laisse les figues évoluer au stade de l'extrême maturité, celui des figues dites "penèques" en provençal (très ramollies et pendantes). Et la présence de larves de Drosophila suzukii Matsumura est fréquente dans les figues au stade de la surmaturité, que, de toute façon, on ne consomme pas.
 

Drosophila suzukii : trois adultes sur une figue en surmaturité

Drosophila suzukii : trois adultes sur une figue en surmaturité.
(variété 'Col de Dame Noire').

 

Drosophila suzukii : adultes male et femelle sur une figue en surmaturité

Drosophila suzukii : adultes male et femelle sur une figue en surmaturité.
(le mâle, avec les ailes tachetées, est en haut).
 

 

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LA TOUCHE DE LA FIGUE

 

Pour avancer de sept à dix jours la maturité d'une figue, donc augmenter la précocité de la première cueillette, il suffit de déposer une goutte d'huile d'olive dans l'ostiole du fruit (à l'aide d'une fine burette, d'une paille ou d'une plume). Opérer hors soleil, donc le soir ou par temps sombre, des chutes de fruits par arrêt de développement ayant été observées dans le cas contraire. Effectuer la touche lorsque le fruit a atteint sa grosseur de récolte, et commence juste à changer de teinte vers la maturité.

En sus de la touche de la figue, on peut utiliser diverses techniques mises au point par des générations de producteurs, de jardiniers et de collectionneurs passionnés, utilisées principalement pour obtenir des récoltes en régions froides aux étés courts. Consulter l'article détaillant ces techniques, publié sur le site "Planet Fig", déjà cité.

L'article d'Emmanuel Lhérault relatif à la culture du Figuier à Argenteuil, écrit en 1865 et reproduit sur notre site, fournit également des techniques pour favoriser ou hâter la production de figues fleurs ou de figues d'automne. Valables pour la région parisienne, ces techniques sont applicables dans des régions plus froides et certaines d'entre elles peuvent avoir une utilité même en région méditerranéenne.

 

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OBTENIR LA RÉCOLTE DE FIGUES LA PLUS LONGUE POSSIBLE

 

Voici la sélection établie par Pierre Baud, le spécialiste français du figuier (site Internet), des huit variétés de figues à planter pour obtenir une production commençant au plus tôt et finissant au plus tard dans l'année, pratiquement sans interruption compte tenu des chevauchements de début et de fin de période de fructification des variétés : Brunswick (la plus précoce en figues-fleurs, bifère) ; Grise de la Saint-Jean (bifère) ; Dauphine (synonymes : Grise De Tarascon et Boule d'Or, bifère) ; Breva (bifère) ; Noire De Caromb (bifère) ; Ronde De Bordeaux (unifère) ; Violette De Solliès (synonymes : Bourjassotte Noire et Barnissotte Noire, unifère) ; Col De Dame (unifère et, au choix, Noire, Blanche ou Grise, les trois variétés ayant la même période de fructification). Nous ajoutons à la liste de Pierre Baud, pour la toute fin de saison, la variété Cendrosa (unifère, plus tardive que Col De Dame).

La sélection précitée est établie pour l'aire naturelle du figuier, certaines des variétés préconisées n'étant pas adaptées aux régions septentrionales. En France métropolitaine, dans de bonnes conditions, cette sélection de neuf variétés assure une récolte quasi ininterrompue de mi-juin à fin novembre. Dans un excellent terroir et dans des conditions optimales, la production s'étend même des premiers jours de juin à la mi-décembre. La production d'automne des variétés bifères contribue à l'objectif de non interruption des récoltes. Selon les terroirs et les expositions, une interruption de récolte d'une à trois semaines pourra être constatée.

La variété Ronde de Bordeaux, à grand développement, peut être remplacée si besoin par Pastilière, variété unifère de même précocité mais de faible développement. Je connais des variétés pouvant renforcer la production de la fin de saison, en chevauchement avec les variétés Col De Dame et Cendrosa. Mais, comme pour ces dernières, tout ou partie de leur production ne parviendra à maturité que dans les régions à longue arrière-saison chaude.
 

Ficus carica : variété Grise de la Saint-jean (figues d'automne)

Ficus carica : variété Grise de La Saint-Jean (figues d'automne).
Selon moi, la meilleure variété bifère pour la région méditerranéenne, toutes qualités confondues.

 

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FIGUIERS TRIFÈRES

 

Les figuiers trifères restent pour beaucoup un mystère. Ils produisent trois fois par an, mais seulement dans des régions assez chaudes pour mener à terme la troisième récolte. Pour notre part, nous avons testé deux variétés de figuier trifère sur le littoral varois et aucune n'a jamais fructifié trois fois...

Comment se produit la troisième récolte ? Rappelons tout d'abord que la fructification d'été (dite de figues fleurs ou figues d'été) s'effectue sur les rameaux de l'année précédente, les figues ayant passé l'hiver à l'état de petits bourgeons arrondis, de la taille d'un grain de poivre. Sur le bois de l'année (rameaux qui ont commencé à croître au printemps), se produit à l'automne la seconde récolte (dite de figues d'automne ou figues de deuxième saison). Cette fructification a lieu à l'aisselle des feuilles et en partie basse du rameau.

Les figues d'automne qui ont commencé à se développer plus tard, à l'aisselle des feuilles et en partie haute des rameaux de l'année, ne vont pas en fin de développement, et chutent habituellement en fin de deuxième récolte lorsque les températures se mettent à baisser. Sur de rares variétés, dites trifères, si les conditions climatiques sont favorables, par exemple en Italie du Sud, ces figues encore petites, qui ont commencé à se développer dans la partie haute des rameaux de l'année, reprennent leur développement après une brève pause de fin d'été.

Elles arrivent à maturité, constituant en arrière-saison une troisième récolte (dite de "cimaruoli", de leur nom italien, ou figues de troisième saison). De façon surprenante, la fructification des cimaruoli peut s'étendre dans certains cas jusqu'au printemps suivant. C'est du moins ce qu'affirme le pépiniériste italien bien connu Ugo Fiorini (propriétaire de la pépinière Vivaio Belfiore, près de Florence) dans son livre Il fico, Masso delle Fate Edizioni, 2000, réédité en 2005. A part cette information (non détaillée), je n'ai jamais eu connaissance d'une telle période de fructification...

 

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RÉPONSES A VOS INTERROGATIONS SUR LE FIGUIER

 

Pour toute autre question que vous pourriez vous poser sur le Figuier, voici une information très utile : consultez la rubrique questions/réponses du site des pépinières Baud. Pierre Baud, le spécialiste français du Figuier, y fournit les réponses aux questions les plus fréquentes. De plus, le site propose deux rubriques conçues pour vous aider : "Choix d'un figuier" et "Conseils de culture".

 

 

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