Les fruitiers rares
 
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Article publié en 2012.
Auteur : François DROUET.
Photographies : Diego ARIAS.
Tous droits réservés.

 

 

Les papayers d'altitude

 

(Vasconcellea spp.)

 

 

 

La Papaye, fruit tropical ? Pas seulement.  Il existe des espèces proches qui vivent en altitude dans les montagnes d'Amérique latine et qui supportent quelques degrés de gel. Peut-on les acclimater en France ?  On peut tout au moins essayer de les recenser et lancer quelques expérimentations...

 

PAPAYERS D'ALTITUDE (HIGHLAND PAPAYAS)

 

Ces papayers de différentes espèces poussent spontanément ou sont cultivés dans certaines régions des Andes (Colombie, Equateur, Pérou...) à des altitudes élevées (jusqu'à 2700 m), et ils supportent des températures de quelques degrés au dessous de zéro. Ils ne peuvent donc que susciter la curiosité des amateurs de fruitiers rares résidant dans les zones climatiques USDA 9a et 9b. Le nouveau nom de genre Vasconcellea, utilisé désormais pour ce type de Papayer en lieu et place de Carica, permet de distinguer ces papayers d'altitude des papayers tropicaux. Je conserverai néanmoins le nom de genre Carica  par commodité, car c'est lui qui figure dans la quasi-totalité de la littérature. En ce qui concerne l'appellation commune, ces espèces sont le plus souvent nommées en français "Papaye de montagne" et en anglais  "Moutain Papaya". Le terme de "Highland Papayas" est également utilisé en anglais.

Il convient selon moi de ne pas utiliser "Papaye de montagne", "Moutain Papaya" ou "Highland Papaya" pour une espèce déterminée. Les deux premières appellations sont utilisées actuellement pour plusieurs espèces (par diverses sources dont des dictionnaires de référence), et il en résulte une polysémie génératrice de confusion entre ces espèces. Ces appellations devraient rester générales et être utilisées uniquement pour désigner le groupe d'espèces concerné ,et non l'une ou l'autre d'entre elles. Pour une espèce donnée, le nom commun qui me semble le plus précis est le nom vernaculaire espagnol le plus fréquemment utilisé. Plutôt que "le plus précis", il faudrait d'ailleurs dire "le moins imprécis"... En effet, j'ai noté que pour un certain nombre d'appellations en espagnol le terme désigne des espèces différentes, notamment d'un pays à l'autre, ce qui ne permet pas de supprimer totalement la polysémie sur les désignations non latines. De plus, certaines appellations vernaculaires en espagnol ne font référence ni au Papayer ni à la montagne, et quelques unes me paraissent même fantaisistes (référence au figuier...). Toutefois, l'utilisation des noms vernaculaires espagnols limite la polysémie engendrée par l'emploi des noms communs plus généraux français ou anglais.

 

PAPAYERS D'ALTITUDE TÉSTÉS

 

Carica pentagona Heilborn (Babaco)

Synonyme : Carica x Heilbornii nothovar. pentagona (Heilborn) Badillo ; il s'agit d'un hybride Carica pubescens x Carica stipulata. C'est un arbuste de 2 à 3 m de haut, à une seule tige et produisant de gros fruits (jusqu'à 1 kg) parthénocarpiques de couleur jaune, apyrènes, allongés, de forme pentagonale, juteux et acidulés. Mon spécimen planté en pleine terre sans abri dans la région de Toulon a succombé à une pointe de - 5 °C en fin de nuit au cours de sa première année de culture... Je n'ai pas pu déterminer jusqu'à quelle température négative cette espèce résiste. Selon la littérature, le Babaco supporte seulement de légers gels (- 2 °C) et sa croissance s'arrête si la température est inférieure à + 5 °C. Je connais plusieurs passionnés français qui cultivent avec succès l'espèce sous serre chauffée.
 

Carica quercifolia (St Hil.) Schum. (Higuera del monte)

Espèce très peu connue et appelée en France "Papaye de montagne". Le terme "Papayer à feuilles de chêne" employé par certains, ainsi que le terme correspondant anglais "Oak Leaved Papaya", très utilisé par les spécialistes et les pépiniéristes américains, font l'objet d'une controverse de la part de ceux qui ne trouvent pas l'appellation latine quercifolia justifiée, compte tenu de la forme réelle de la feuille. On peut par ailleurs noter que le nom vernaculaire "Higuera del monte", utilisé dans les zones de culture naturelle d'Amérique du Sud, est fantaisiste, "Higuera" signifiant "Figuier" et non "Papayer", même si la justification en serait l'allure de l'arbre censée faire penser à un figuier...  
 

Carica quercifolia : feuilles

Carica quercifolia : feuilles.
Crédit : Diego Arias.

 

J'ai testé prioritairement cette espèce en plein air et sans protection artificielle car il s'agirait du Papayer le plus résistant au froid (ce serait donc l'espèce la plus rustique parmi toutes celles du genre Carica). J'ai planté à deux reprises en pleine terre, lors d'années différentes et à des endroits différents, un  jeune sujet âgé de trois ans et haut d'environ 0,80 m (dans la région de Toulon). Dans les deux cas il était abrité du vent dominant (mistral) par une haie d'Elaeagnus x ebbingei deux fois plus haute que lui et assez épaisse, mais je n'ai disposé aucune protection artificielle durant l'hiver.

Aucun des deux sujets n'a résisté à un gel de - 5 °C intervenu l'année de sa plantation, une seule nuit (précédée et suivie de températures positives dans la journée). Des sujets nettement plus âgés auraient-ils supporté cette température ?  J'ai décidé de m'en tenir à cette double tentative, sur la base de témoignages donnant un seuil de rusticité de l'ordre de - 5 °C pour cette espèce. Je connais des amateurs de fruitiers rares qui cultivent cette espèce en serre chauffée en France métropolitaine et la font fructifier.
 

Carica quercifolia : fruits

Carica quercifolia : fruits.
Crédit : Diego Arias.

 

PAPAYERS D'ALTITUDE NON TESTÉS

 

Carica pubescens Lenné et Kock (Siglalon ; Chamburo ; Chihualcan)

On trouve aussi comme noms d'auteurs : (A. DC.) Solms ; synonyme : Carica candarmarcencis hort. ex Hook.  Un peu plus résistant au gel que le Babaco (il succomberait au-dessous de - 3°C, ce qui est à vérifier). Je ne l'ai pas testé en plein air du fait de sa faible résistance au gel, ni sous serre parce que ses petits fruits (environ 5 cm) ont une haute teneur en papaïne qui rend difficile leur consommation crus (irritation de la bouche...). Ces fruits se prêtent néanmoins à de nombreuses utilisations culinaires.
 

Carica stipulata Badillo (Chamburo ; Siglalon)

Je n'ai pas testé cette espèce ni en plein air ni sous serre, pour les mêmes raisons que celles évoquées pour Carica pubescens. Mais j'ai relevé dans la littérature de nombreuses utilisations culinaires et la possibilité de congélation.
 

Carica chrysopetala Heilborn (Toronchi)

Considéré généralement comme une espèce à part entière. Mais il est donné par certains comme synonyme de Carica x Heilbornii (ou comme une variété de celui-ci sous son nom vernaculaire 'Toronchi') car c'est aussi un hybride de Carica pubescens x Carica stipulata. Par rapport au Babaco, l'arbuste est plus haut et ses fruits sont moins intéressants. En effet, leur taille est plus petite de moitié ou plus selon les formes (au sens botanique) et surtout leur plus haute teneur en papaïne rend difficile leur consommation crus dans le cas général. On peut toutefois trouver certaines formes qui présentent des fruits assez doux et agréables crus. Non testé car aussi peu rustique que le Babaco et moins intéressant comme fruitier.
 

Carica parviflora A. DC. (Papaya de monte ; Coral)

Petits fruits orangés à rouge, de bonne saveur. Pourrait être intéressant à cultiver sous serre chauffée, mais j'ignore s'il y donnerait de bons résultats.
 

Carica monoica (Desf.) A. DC. (Col de monte ; Peladera)

Très petits fruits à haut niveau de papaïne et à pulpe sèche, non consommables crus mais qui seraient excellents après transformation. Culture sous serre chauffée intéressante à tester mais comportement inconnu.
 

Carica goudotiana Triana et Planch. (Papayuelo)

Les fruits, de la taille d'un oeuf, sont de saveur acceptable crus mais varient fortement de qualité selon les formes. Même remarque que pour l'espèce précédente.
 

Autres espèces à évaluer.

J'ai repéré plusieurs autres espèces du genre Carica qui sont du type "Hihgland papayas". Elles mériteraient d'être approfondies au niveau de la qualité des fruits, puis sélectionnées pour une éventuelle évaluation en culture sous serre chauffée. L'université de Gand (Belgique) semble bien impliquée dans cette problématique. Pour ma part,  je ne m'investirai pas dans cette mouvance, ayant en projet de nombreuses expérimentations dans d'autres domaines fruitiers. Mais c'est une piste indiquée à toutes fins utiles pour les passionnés de culture fruitière sous serre...

 

 

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