Les fruitiers rares
 
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Article publié en 2003, enrichi en 2010.
Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET,
sauf autre indication.
Tous droits réservés.

 

 

Observations de rusticité de quelques
ornementales à fruits comestibles

 

 

 

J'ai rassemblé dans cet article des observations de rusticité de quelques plantes ornementales à fruits comestibles. Que ce soit une surprise positive (survie dans des conditions extrêmes) ou un désappointement par rapport à une rusticité attendue. Chacune des observations émane de moi ou d'un correspondant digne de foi et expérimenté, qui l'a constatée lui-même sur le terrain. Les observations sont fournies pour des sujets en plein air et en pleine terre, sans protection par voile d'hivernage ou dispositif artificiel particulier.

 

ARAUCARIA ARAUCANA (Molina) K.Koch 

Région de Hambourg (Allemagne), 2003 : un spécimen d'Araucaria araucana (Molina) K.Koch, âgé de trente ans et mesurant cinq mètres de haut, prospère dans cette région froide, où il a supporté sans dommages les hivers rigoureux de 1981, 1984, 1985, 1986, 1995 et 1996. Son record de rusticité fut atteint en janvier 1978, lorsque, haut d'un mètre seulement, il subit une température de -20 °C qui l'éprouva, lui occasionnant un brunissement intense des aiguilles, mais ne lui fut pas fatale. Il faut préciser toutefois qu'il avait beaucoup neigé et que son propriétaire en profita pour le recouvrir totalement de neige, celle-ci jouant le rôle protecteur vis à vis du froid qu'on lui connaît.

Région de Lorraine (2010) : une observation effectuée dans un jardin se situant en Lorraine, en pleine campagne, m'a été communiquée par un élève ingénieur en horticulture et confirme, sur un sujet plus jeune, la forte rusticité de cette espèce. En 2008, un sujet d'Araucaria araucana (Molina) K.Koch issu de semis (arboretum Gaston Allard d'Angers) a été planté en pleine terre sans exposition particulière. Il supporta l'hiver 2008-2009 (-15 °C) sans aucun problème. Pendant l'hiver 2009-2010, température de -22 °C alors que le sujet mesurait une quinzaine de centimètres de hauteur : légers brunissements apicaux, mais très bon état général, comme en témoigne la photographie ci-dessous.
 

Araucaria araucana (Molina) K; Koch : sujet de 15 cm (deux ans) ayant résisté à une pointe de froid de -22°C

Araucaria araucana (Molina) K.Koch : sujet de 15 cm (deux ans) ayant résisté à une pointe de froid de -22 °C.
Crédit : correspondant lorrain.

 

Quelques précisions relatives à cette observation, assez exceptionnelle. Aux alentours de Noël 2009, la période de grand froid  a duré deux semaines, avec des températures nocturnes variant entre -10 et -17 °C, ainsi qu'une nuit à -19 °C avec pointe à -22 °C (thermomètre à l'abri et à 1 m du sol). Pendant cette période, présence de neige continue (couche d'environ 4 cm). Il est possible que la neige ait recouvert pratiquement le jeune Araucaria araucana (Molina) K.Koch au moment de la pointe de froid précité, jouant un rôle de protection. Le jardin se situe dans une ferme isolée au milieu des champs et en sommet de crête, à 300 m d'altitude, où le vent souffle fort. Protection contre le vent assez lointaines : vent du nord (maison à 10 m) ; vents d'ouest et d'est (haies hautes de charmes et de frênes à 30 m). Aucune végétation accolée, ou à proximité ou au-dessus, ayant pu abriter le jeune sujet. Absence de bloc minéral pouvant réaliser une restitution nocturne de chaleur. Seulement un très léger paillis au pied.

 

FUCHSIA PROCUMBENS R.Cunn. ex A.Cunn.

Dans la littérature et sur Internet, cette espèce est donnée comme peu rustique (seuil de rusticité de l'ordre de -5 °C). Ce n'est pas ce que je constate dans le département des Vosges, en région de plaine, où les hivers sont assez rudes. Un plant de Fuchsia procumbens R.Cunn. ex A.Cunn. résiste depuis cinq ans en pleine terre dans un endroit soumis aux vents dominants, avec seulement quelques feuilles pour le protéger l'hiver. Il jouxte le tronc d'un arbre d'un diamètre de 20 cm, qui se situe à côté de lui par rapport aux vents dominants et non devant. Chaque année, ce pied repousse de la souche et émet rapidement de grandes pousses robustes, qui atteignent plus de 30 cm de longueur et fleurissent dès le mois de juillet. Il a même résisté à la vague de froid exceptionnelle de l'hiver 2005, qui a fait descendre la température à -23 °C une nuit, fin février... Il a fleuri (peu) dans les mois qui suivirent, sans fructifier. La floraison et la fructification ne sont pas très abondantes après les hivers rudes, mais il arrive certaines années aux hivers plus doux (si on peut les nommer ainsi...) qu'il se couvre de fruits.

 

GARDENIA JASMINOIDES J.Ellis

Région parisienne (2003) : en Ile-de-France, à 20 km à l'est de Paris, un sujet de Gardenia jasminoides J.Ellis âgé de 25 ans, de 1,5 m de haut et 2 m de diamètre, prospère en pleine terre, et fleurit abondamment chaque année. Peu de gens savent que le fruit de cette belle plante ornementale est comestible. Le sujet est en situation protégée (entouré de bâtiments). Il a supporté malgré quelques dégâts les hivers rigoureux de 1985 et 1986.

Région de Toulon (2006) : j'observe depuis six ans un sujet de Gardenia jasminoides J.Ellis que j'ai planté en pleine terre, sans protection et directement exposé au vent dominant (mistral). Il a subi des pointes de froid de -7 °C en fin de nuit, sans aucun dommage. Il a fleuri (peu), mais n'a pas fructifié. Il forme une touffe de 40/50 cm de haut. Au cours de la vague de froid exceptionnelle de la fin d'hiver 2005, la température a chuté à -10 °C à deux reprises, espacées d'une semaine, en fin de nuit, de façon brève. Le sujet a subi une défoliation complète, et a perdu une grande partie de ses rameaux. Toutefois, il a refait des feuilles au milieu du printemps sur les rameaux (ou portions de rameaux) qui n'ont pas gelé. Il n'a pas fleuri, mais il présentait en fin d'été une allure très saine (une fois le bois sec coupé...).

 

YUCCA ALOIFOLIA L.

En janvier 2004, au jardin botanique Tropicaland, à Viry, en Haute-Savoie, un sujet de Yucca aloifolia L. âgé d'une dizaine d'années, ayant un stipe de un mètre, a résisté sans dommages à -15 °C par temps de neige.

 

CORNUS CAPITATA Wall. ex Roxb.

Il s'agit d'un arbuste sempervirent à fruits ornementaux et comestibles, réputé de moyenne rusticité. Au cours de l'hiver 2004/2005, à Cotignac, dans le Haut Var, 200 m d'altitude, un Cornus capitata Wall. ex Roxb. âgé de quatre ans et demi et haut de deux mètres a subi des températures de -9 °C pendant quatre nuits consécutives. Puis, le 1er et le 2 mars 2005, il a enduré des chutes de température exceptionnelles à -12 °C. Après chacun de ces épisodes, aucun dégât et surtout aucune perte de feuilles. L'arbuste a conservé une allure très saine. Il est placé dans un endroit du jardin abrité des vents froids dominants, mais n'a bénéficié d'aucune protection artificielle. Observations effectuées pour tous les jours concernés : températures négatives de 18 h la veille à 10 h le matin, puis variant ensuite de 6 °C à 10 °C dans la journée. Point sur le spécimen précité à la mi-juillet 2010 : il avait été planté très petit (environ 15 cm) à l'automne 2000 et a fleuri pour la première fois ce printemps soit 10 ans après. Il porte actuellement quelques fruits (non encore mûrs). Il mesure environ 2,50 m et a très bien résisté à tous les hivers de Cotignac (-12 °C certaines nuits, -10 °C et une journée complète de gel cette année). 

Pour les non connaisseurs de cette espèce, je puis aussi préciser qu'en climat méditerranéen avec été très sec, comme c'est le cas dans le Var, le Cornus capitata Wall. ex Roxb. présente en été une allure moins saine, en raison du manque d'humidité de l'air qui provoque un dessèchement partiel des feuilles. Il doit en outre faire l'objet d'arrosages suivis car il peut, si le sol est trop sec, perdre une grande partie de son feuillage. Cette précision, recoupée par plusieurs observateurs, est valable pour des individus en exposition plein soleil. Je n'ai pas, pour l'instant, d'observations de comportement estival en exposition à l'ombre, ni d'expérience sur l'éventuelle incidence sur la fructification d'une telle exposition.

 

ERIOBOTRYA DEFLEXA (Hemsl.) Nakai

Il s'agit d'un arbuste sempervirent, originaire de Chine et régions limitrophes, à très haute valeur décorative (feuilles proches de celles du châtaigner, jeunes pousses brun rougeâtre). Je possède un cultivar d'Eriobotrya deflexa (Hemsl.) Nakai appelé 'La Mortola'. Il est originaire du jardin botanique Hanbury, situé à La Mortola, hameau de la ville de Ventimille en Italie, juste après la frontière avec la France. Les fruits seraient mangés par les jardiniers du domaine (non vérifié à ce jour). Cette espèce est à réserver au climat méditerranéen qu’elle supporte très bien en plein soleil, avec seulement un arrosage copieux tous les quinze jours. Je préconise de la conduire en touffe, en raison de son port très ornemental. Il faut souligner que cette espèce est trop éloignée du Néflier du Japon, Eriobotrya japonica (Thunb.) Lindl., pour être nommé également Néflier du Japon, malgré la confusion entretenue à ce sujet par quelques pépinières.

Au cours de la vague de froid exceptionnelle de la fin d'hiver 2005, la température a chuté à -10 °C à deux reprises, espacées d'une semaine, en fin de nuit, de façon brève. Mon sujet d'Eriobotrya deflexa (Hemsl.) Nakai, conduit en touffe et haut de 1,50 m, n'a subi aucun dommage. Il a bénéficié vis à vis du mistral de la protection (relative) d'une haie d’Elaeagnus x ebbingei Door. de 2 m de haut située à 10 m de lui.
 

Eriobotrya deflexa 'La Mortola' (jeune sujet)

Eriobotrya deflexa 'La Mortola' (jeune sujet).

 

RHUS LANCEA L. f.

Il s'agit d'un arbuste sempervirent originaire d'Afrique du Sud. Il est particulièrement ornemental par son très beau feuillage vert retombant, fin et dense. Les individus femelles de cette espèce dioïque portent des fruits comestibles, mais sans intérêt. En 2005, j'ai pu faire une observation de rusticité sur mon exemplaire de Rhus lancea L. f., planté dans la région de Toulon. Alors âgé d'une quinzaine d'années, il était haut de 3,5 m et large de 4 m.

Au cours de la vague de froid exceptionnelle de la fin d'hiver 2005, la température a chuté sur la parcelle concernée à -9 °C à deux reprises, espacées d'une semaine, en fin de nuit, de façon brève. Le sujet n'a subi aucun dégât, et a conservé intacte sa beauté des jours d'été. Il avait déjà supporté, sans protection et avec vent, des pointes de froid en fin de nuit de -7 °C, sans présenter de dommages. Il fleurit régulièrement, mais n'a pas fructifié en raison de la dioécie de l'espèce.
 

Rhus lancea L. f. âgé d'une quinzaine d'années

Rhus lancea L. f. âgé d'une quinzaine d'années.

 

 

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