Les fruitiers rares
 
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Accueil > Espèces > Kaki et autres Diospyros > Observations de rusticité de Diospyros lycioides subsp. guerkei.

 

Article publié en 2008
Auteur : François DROUET
Photographies : François DROUET
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Observations de rusticité de Diospyros lycioides subsp. guerkei

 

 

 

En 1995, j'ai introduit dans ma collection de plaqueminiers (Diospyros) située dans la région de Toulon un sujet de Diospyros lycioides subsp. guerkei (Kuntze) De Winter. Il s'agit d'un arbuste sempervirent originaire d'Afrique du Sud, aux qualités ornementales indéniables par son port, son feuillage, et sa fructification. Pour ma part, je souhaitais aussi tester les qualités organoleptiques des fruits.

L'espèce est dioïque, et je ne connaissais pas le sexe de mon sujet, celui-ci, obtenu par un échange, étant âgé d'un an et issu de semis. Je formulais le projet de le sexer dès la première floraison et de rechercher un sujet de l'autre sexe pour avoir un couple. Mais l'introduction du second sujet était conditionnée par la rusticité observée sur mon premier sujet. Frédéric Tournay, conservateur du jardin botanique de Strasbourg, qui s'était intéressé à l'espèce et avait une certaine expérience de sa rusticité, m'avait indiqué qu'elle serait sensible au froid de ma région (zone climatique USDA 9a) seulement dans son jeune âge. Après, selon lui, elle n'aurait pas de problèmes pour y prospérer.

Par goût de l'expérimentation, je décidai de ne pas protéger le jeune plant, espérant qu'il pourrait repartir des racines si la partie supérieure venait à être rabattue par le froid. Je l'ai formé en gobelet-buisson sur tronc unique d'environ 1 m de haut. Pendant six ans, le sujet s'est développé à peu près normalement et a résisté certaines années à - 7 °C (pointes de courte durée), avec une défoliation partielle seulement. En 2002, âgé de sept ans, il faisait 2 mètres de haut. Le feuillage était volumineux mais avait poussé plus en largeur qu'en hauteur (absence de taille de ma part pour que les rameaux extérieurs protègent du froid les rameaux intérieurs...).
 

Diospyros lycioides subsp. guerkei : sujet de 7 ans

Diospyros lycioides subsp. guerkei : sujet de 7 ans.

 

Diospyros lycioides subsp. guerkei : feuillage (persistant)

Diospyros lycioides subsp. guerkei : feuillage (persistant).

 

Diospyros lycioides subsp. guerkei : feuillage (persistant)

Diospyros lycioides subsp. guerkei : feuillage (persistant).
 

Le jeune arbuste avait fleuri certaines années, mais faiblement.
 

Diospyros lycioides subsp. guerkei : feuilles et une fleur

Diospyros lycioides subsp. guerkei : feuilles et une fleur.
 

Au cours de l'hiver 2002/2003, lors d'une tempête, le vent l'a abattu en brisant complètement le tronc au ras du sol. A la fin du printemps 2003, j'ai observé qu'un nombre important de rejets assez vigoureux étaient apparus, et avaient constitué une belle touffe dense. Fin janvier-début février 2004, lors de deux attaques de froid exceptionnelles à - 8 °C, les rejets, qui mesuraient 80 cm, ont été complètement défoliés et ont pris une teinte blanchâtre. Mais la plus grande partie d'entre eux ne sont pas morts. Au cours du printemps 2004, leurs tiges ont repris leur teinte brune normale, et les feuilles sont réapparues (pas de floraison toutefois).

Début décembre 2005, la touffe a supporté - 6 °C sans que les rejets du dessous, protégés par les rejets courbés du dessus de la touffe, ne perdent leurs feuilles. Seuls les rejets du dessus, directement exposés au vent, ont été défoliés et ont pris une teinte blanchâtre.

Fin décembre 2005, une nouvelle attaque de froid exceptionnelle a eu lieu (- 9 °C sur la parcelle concernée). Tous les rejets ont été défoliés, ceux de dessous ont aussi perdu leur feuilles et pris une teinte blanchâtre. En avril 2006, la quasi-totalité des rejets ont repris leur teinte brune, et un vigoureux rejet central a commencé à émettre des feuilles.

Le résultat semble encourageant et me conduit à tuteurer en tronc unique (quart de tige) le plus vigoureux des rejets, qui s'y prête bien. J'envisage d'extraire du sol les autres rejets au cours du printemps suivant afin de constituer une touffe un peu plus loin. Ainsi, je pourrai continuer les observations de rusticité en comparant les deux modes de conduite (tronc unique en quart de tige et touffe). Mais début mai 2006, constat négatif : seul le rejet vigoureux que j'ai tuteuré développe son feuillage. L'ensemble des autres rejets sont secs au-dessus du niveau du sol. Et aucun signe de rédémarrage de souche. Je ne pourrai donc pas constituer la touffe prévue...

Le 7 juin 2006, lors d'une inspection détaillée de la parcelle, bonne surprise : au pied de chacune des tiges sèches, sont apparus des rejets bien verts et foliés d'une vingtaine de centimètres de haut. L'expérience semble donc pouvoir se poursuivre sous de meilleurs auspices. Je taille au ras du sol  les tiges sèches en espérant que le prochain hiver sera plus doux et que la partie aérienne de la touffe se maintiendra.

Au printemps 2007, après l'hiver 2006/2007 plus doux espéré, j'entreprends de transplanter un peu plus loin, en une seule touffe compacte, les rejets autres que celui très vigoureux conduit en quart de tige. Opération sans succès, car lorsque je me suis attaqué à l'importante touffe que constitue maintenant mon sujet en collection (l'hiver doux 2006/2007 n'a provoqué aucun dégât sur la touffe qui a grossi), je ne suis pas parvenu à extraire des rejets racinés.

Les rejets qui étaient accessibles sur le pourtour de la touffe et que j'ai séparés du groupe, soit en motte, soit en racines nues, n'avaient pas de racines propres, même ceux de fort calibre... Aller chercher des rejets racinés au centre de la touffe m'a paru difficile compte tenu de la densité de celle-ci et je voulais éviter la casse inéluctable engendrée par ce type d'opération. J'ai donc abandonné le projet de constituer une touffe séparée avec les rejets de mon sujet.

Mais je pourrai quand même observer la rusticité de Diopyros lycioides subsp. guerkey (Kuntze) De Winter sous les deux modes de conduite (tronc et touffe). En effet, j'avais entre-temps obtenu de Frédéric Tournay un jeune plant bien démarré (mais non sexé) de la même sous-espèce, pour essayer d'avoir le couple en collection. Je l'avais élevé deux ans en container placé à l'abri pendant l'hiver, et je l'ai mis en pleine terre au printemps 2008. Je l'ai formé en gobelet-buisson sur tronc de 0,80 m, et je l'ai planté à 4 m de mon sujet d'origine devenu une importante touffe.

 

 

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