Les fruitiers rares
 
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Article publié en 2006, enrichi en 2014.
Auteur : François DROUET.
Photographies : voir crédits.
Tous droits réservés.

 

 

Comment reconnaître le Mûrier noir

 

(Morus nigra L.)

 

 

 

Beaucoup pensent que le Mûrier noir (Morus nigra L.) produit des fruits noirs et que le Mûrier blanc (Morus alba L.) produit des fruits blancs. En fait, si le Mûrier noir porte bien des fruits noirs à maturité, le Mûrier blanc, selon les variétés, porte des fruits mûrs blanc jaunâtre, rose pourpre, ou noirs. Chez certaines de ses variétés, le fruit est blanc lavé de rose ou de violet. Selon la lumière et de près, les fruits du Mûrier noir apparaissent pourpre foncé. Selon la lumière, les fruits des variétés à fruits blancs du Mûrier blanc apparaissent jaunes.

 

L'ARBRE

Comment reconnaître le Mûrier noir des autres espèces de Mûrier, notamment du Mûrier blanc à fruits noirs ? Rappelons tout d'abord que l'arbre atteint de grandes dimensions dans les régions qui lui sont favorables, tel le département du Gard, dans le sud de la France.
 

Morus nigra L. : spécimen à Bessèges (Gard, France)

Morus nigra L. : spécimen à Bessèges (Gard, France).
Crédit : Jean-Marie Bernard.

 

Morus nigra L. : tronc du spécimen âgé de Bessèges

Morus nigra L. : tronc du spécimen âgé de Bessèges.
Crédit : Jean-Marie Bernard.
 

On le rencontre à des latitudes nettement plus hautes, par exemple à Londres, où il atteint également de bonnes dimensions.
 

Morus nigra L. à Londres

Morus nigra L. à Londres.
Crédit : Bo Blomqvist.

 

Ou encore dans les régions les plus douces de Suède.
 

Morus nigra L. : spécimen en façade à Lund, Suède

Morus nigra L. : spécimen en façade à Lund, Suède.
Crédit : Bo Blomqvist.

 

Morus nigra L. dans le sud de la Suède

Morus nigra L. dans le sud de la Suède.
Crédit : Bo Blomqvist.

 

Mais la taille de l'arbre n'est pas un critère d'identification car le mûrier blanc (Morus alba L.) atteint lui aussi de grandes dimensions. Ce sont la feuille et le fruit (aspect, goût), très caractéristiques, qui permettent de différencier le Mûrier noir des autres espèces de Mûrier.

 

PREMIER CRITÈRE D'IDENTIFICATION : LA FEUILLE

Voici la feuille du Mûrier noir.
 

Morus nigra L. : feuilles

Morus nigra L. : feuilles.
Crédit : François Drouet.

 

Morus nigra L. : revers des feuilles (à droite)

Morus nigra L. : revers des feuilles (à droite).
Crédit : François Drouet.

 

La feuille du Mûrier noir (Morus nigra L.) est en forme de coeur, échancrée au point d'attache du pétiole, rugueuse. La feuille du Mûrier blanc (Morus alba L.) est ovale, peu échancrée au niveau du point d'attache du pétiole, lisse, même si parfois boursouflée.
 

Morus nigra L. : feuille   Morus alba L. : feuille

Feuilles de Morus nigra L. (à gauche) et de Morus alba L. (à droite).
Crédit : Jean-Marie Bernard.
 

J'ai fourni au niveau de la feuille les principales caractéristiques discriminantes, issues de ma pratique personnelle, en restant volontairement simple et avec des photographies illustrant les morphologies typiques des feuilles des deux espèces. Je couvre ainsi la majorité des cas, mais je sais que certaines feuilles du Mûrier noir peuvent être légèrement différentes (partiellement lobées), au sein du même arbre ou d'un arbre à un autre. Je sais aussi que la feuille du Mûrier blanc peut être assez différente chez certaines variétés (largeur, longueur, gaufrage, caractère lacinié...).

Je n'utilise pas la pubescence du revers de la feuille pour distinguer le Mûrier noir du Mûrier blanc, mais, pour ceux qui voudraient essayer de l'utiliser, je cite Pierre Lieutaghi (Le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux, réédité en 2004 chez Actes Sud). Pour lui, qui, comme moi, parle d'expérience, la feuille du Mûrier noir est "poilue en dessous sur toute la surface du limbe et particulièrement sur le réseau de nervures et de veines", alors que celle du Mûrier blanc est "à peu près glabre en dessous, poils peu nombreux le long des nervures principales ou seulement à l'aisselle de ces dernières, vers la base ; utiliser une loupe".

Pierre Lieutaghi signale aussi avoir rencontré des mûriers noirs avec la face supérieure des feuilles non rugueuse, et même des mûriers blancs présentant au contraire cette rugosité. Je n'ai pas eu l'occasion de réaliser ces observations, pour aucune des deux espèces.

 

SECOND CRITÈRE D'IDENTIFICATION : L'ASPECT DU FRUIT

Ce n'est pas la couleur noire du fruit qui distingue le Mûrier noir, puisque certaines variétés du Mûrier blanc ont des fruits noirs. Il faut prendre en compte la forme du fruit, d'autres caractéristiques visuelles de celui-ci, ainsi que son goût.

Le fruit du Mûrier noir présente une forme typique, que le cultivar 'Aalst' illustre bien (première photographie ci-dessous). Il est généralement de forme non incurvée, avec un contour régulier. Alors que celui du Mûrier blanc à fruits noirs (seconde photographie ci-dessous) est globalement bosselé, ses contours sont irréguliers. Plus ou moins cylindrique selon les cultivars, il présente presque toujours une partie renflée, plus ou moins marquée, avec au regard une partie creuse
 

Morus nigra 'Aalst' : fruits mûrs

Morus nigra 'Aalst' : fruits mûrs (spécimen belge centenaire).
Crédit : Dithmar Guillaume.

 

Morus alba 'Péglé' (cultivar à gros fruits) : fruits mûrs

Morus alba 'Péglé' (cultivar à gros fruits) : fruits mûrs.
Crédit : François Drouet.

 

Outre la forme du fruit, il faut s'attacher à trois caractéristiques visuelles de celui-ci. La première : chez le Mûrier noir, le pédoncule est quasi inexistant (fruit sessile), ou très court. Alors que chez le Mûrier blanc, le pédoncule du fruit est assez long (parfois de la longueur du fruit). Une seconde différence concernant le pédoncule : celui du Mûrier noir est fortement attaché à l'arbre et le fruit est très difficile à cueillir, même mûr, alors que celui du Mûrier blanc se détache facilement pour les fruits à maturité.

Pour les deux autres caractéristiques à prendre en considération, il faut examiner la partie charnue du fruit, qui est composée de petites boules (périanthes accrescents), avec sur nombre d'entre elles des sortes de poils (styles desséchés). Chaque petite boule correspond en fait à une fleur dont l'enveloppe (les quatre sépales, car la fleur du Mûrier ne possède pas de pétales) est devenue charnue.

Chez le Mûrier noir, les petites boules sont plutôt allongées (dans le sens de la largeur du fruit), et ont tendance à s'écarter les unes des autres. Alors que chez le Mûrier blanc, ces petites boules sont plus rondes, plus serrées, et plus petites. C'est la deuxième caractéristique. Troisième caractéristique du fruit du Mûrier noir : les "poils" (styles desséchés) sont nettement visibles et nombreux. Alors que chez le Mûrier blanc, ceux-ci sont inexistants, ou en très faible nombre et peu visibles.

Variabilité de la taille des fruits du Mûrer noir.

Concernant l'aspect du fruit du Mûrier noir, il faut noter qu'il peut varier en taille et qu'il passe par la couleur rouge avant de devenir pourpre noir à maturité. Par exemple, le cultivar de Mûrier noir 'Aalst' se distingue par des fruits de grosse taille. On trouve aussi des spécimens avec des fruits plus petits, et parfois de forme beaucoup plus courte et/ou plus ronde, tels ceux de la photographie ci-dessous.
 

lMorus nigra L. : feuilles et fruits (non complètement mûrs)

Morus nigra L. : feuilles, et fruits non complètement mûrs.
(à gauche, individu de semis ; à droite, cultivar 'Monoblet').
Crédit : Jean-Marie Bernard.

 

Un autre exemple de fructification du Mûrier noir est celle d'un spécimen de montagne, observé en Italie, présenté ci-dessous.
 

Morus nigra L. en montagne (Italie)

Morus nigra L. en montagne (Italie).
(les fruits passent du vert jaunâtre au rouge avant de parvenir à la couleur noire de maturité).
Crédit : Daniel Schneider.

 

Morus nigra L. en montagne, Italie: fructification

Morus nigra L. en montagne, Italie : fructification.
Crédit : Daniel Schneider.

 

Morus nigra L. en montagne, Italie

Morus nigra en montagne, Italie : feuilles et fruits (non mûrs, rouges ; mûrs, noirs).
Crédit : Daniel Schneider.

 

TROISIÈME CRITÈRE D'IDENTIFICATION : LE GOÛT DU FRUIT

Si la forme et les autres caractéristiques visuelles du fruit laissent encore une interrogation sur l'identité du Mûrier que l'on observe, le test du goût est déterminant et ne peut laisser aucun doute. Le fruit du Mûrier noir (Morus nigra L.) n'est jamais doux. Il a une saveur très acide avant la maturité et acidulée (agréablement) à complète maturité. Le fruit du Mûrier blanc (Morus alba L.) est douceâtre avant maturité, et reste doux à maturité (il est alors sucré, sans aucune note acidulée), quel que soit le cultivar.

 

 

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