Les fruitiers rares
 
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Article publié en 2016, enrichi en 2018.
Auteur : Bernard PEYRE.
Photographies : Bernard PEYRE,
sauf indications.

Tous droits réservés.

 

 

Insectes (autres que les mouches) attaquant les figues

 

 

 

Ancien producteur de figues, je reste un passionné du Figuier et suis attentif à l'évolution des parasites et ravageurs attaquant les figues. Les trois principales mouches attaquant les figues en France sont (bien ?) connues : la mouche noire du Figuier (Silba adipata McAlpine), la mouche méditerranéenne des fruits (cératite, Ceratitis capitata Wiedemann) et, dans une moindre mesure, la drosophile asiatique (Drosophila suzukiiMatsumura).

A celles-ci viendra probablement s'ajouter la mouche africaine de la figue (Zaprionus indianus Gupta), identifiée pour la première fois en janvier 2016 en France métropolitaine (Cap d'Antibes, dans les Alpes-Maritimes). Dans le présent article, je traite des insectes attaquant les figues et qui ne sont pas des mouches, dont l'action est peu ou pas documentée. Selon le plan suivant : thrips, punaises, teigne du figuier, nymphale de l'arbousier.

 

THRIPS

Thrips tabaci Lindeman et Frankliniella occidentalis Pergande

 

Il s'agit de thysanoptères bien connus en agriculture pour leurs dégâts sur fleurs, légumes et petits-fruits notamment. Le terme thrips regroupe plusieurs espèces, dont la taille varie de 1 à 2 mm. Je n'ai pas eu véritablement l'occasion de constater des attaques de thrips dans mes vergers de production. J'ai simplement noté, pour la variété 'Bourjassote Noire', que certaines figues des premières récoltes de la saison présentaient au niveau de la cavité centrale une oxydation des extrémités de l'infrutescence, qui donnait à celles-ci une couleur brunâtre (dégâts que l'on pouvait attribuer aux thrips).

Mais cette oxydation interne touchait un faible nombre de figues. Les figues concernées ne présentaient aucune modification de l'aspect extérieur, et ne subissaient pas d'altération du goût. La couleur brunâtre au niveau de la cavité centrale constituait néanmoins un défaut visuel de nature à écarter commercialement la figue. Les attaques des thrips sur figues sont très faiblement documentés en France, et il me paraît utile de diffuser des informations d'origine israélienne très peu connues. Elles sont fournies par un poster relatif à la lutte contre les attaques des thrips sur figues, élaboré par le centre de recherches agronomiques Volcani de Bet Dagan, en Israël.
 

Poster d'information sur les dégâts des attaques des thrips sur figues

 

Poster d'information sur les dégâts des attaques des thrips sur figues.
(
Volcani Center, Bet Dagan, Israël).
 

Ce poster a été présenté au quatrième symposium international de la figue (Fourth International Symposium on Fig), qui s'est tenu du 29 septembre au 3 octobre 2009 à Meknès (Maroc), auquel j'ai assisté. Il décrit les dégâts provoqués par les thrips à l'intérieur de figues de la variété 'Brown Turkey' (variété principale d'exportation en figue fraîche pour les producteurs israéliens) et expose quelques moyens de lutte. Les informations fournies par le poster sont les suivantes. Deux espèces de thrips sévissent sur figues en Israël : Thrips tabaci Lindeman (70 % des infestations) et Frankliniella occidentalis Pergande (30 % des infestations).
 

Les deux espèces de thrips qui infestent les figues en Israël

Les deux espèces de thrips qui infestent les figues en Israël.
(à gauche, Thrips tabaci ; à droite, Frankliniella occidentalis ; taille réelle 1-2 mm).
Crédit :
Alton N. Sparks Jr., University of Georgia.
 

Les fruits de la variété 'Brown Turkey' possèdent un large ostiole qui s'ouvre en phase de maturité et une cavité centrale volumineuse. Ceci facilite l'intrusion des thrips dans la figue et leur développement à l'intérieur de celle-ci. Lorsque les thrips se nourrissent et se développent à l'intérieur de la figue mûre, cela se traduit par des dégâts d'aspect brun jaunâtre, similaires à ceux causés par la mouche noire du Figuier, qui affectent la partie supérieure des fleurs ou fruits qui tapissent la cavité centrale. Ce sont principalement les figues mûres qui sont attaquées.
 

Dégâts des thrips à l'intérieur des figues mûres

Dégâts des thrips à l'intérieur des figues mûres : à gauche, figue attaquée ; à droite, figue saine.
(crédit :
Volcani Center, Bet Dagan, Israël).
 

Mais, dans quelques cas, les figues en cours de développement dont l'ostiole n'est pas encore ouvert le sont aussi.
 

Dégâts des thrips à l'intérieur des figues en développement

Dégâts des thrips à l'intérieur des figues en développement : à gauche, figue attaquée ; à droite, figue saine.
(crédit :
Volcani Center, Bet Dagan, Israël).
 

Le poster indique qu'une étude à été menée de 2004 à 2008 sur l'infestation des figues par les thrips dans les régions du centre et du nord d'Israël. Elle a montré que les attaques des thrips sont continues de mai à octobre, avec des pics en juin-juillet (30-60%) et septembre-octobre (20-50%). Dans les figues les plus infestées, il a été trouvé une moyenne de 30 thrips, à tous les stades de la vie.
 

Adulte et pupe de thrips à l'intérieur d'une figue

Adulte et pupe de thrips à l'intérieur d'une figue.
(crédit :
Volcani Center, Bet Dagan, Israël).
 

Toutefois, les thrips adultes étaient habituellement indétectables dans les figues mûres car ils étaient soit sortis de la figue, soit morts. Et la majeure partie des figues mûres infestées présentaient des dégâts mineurs, seulement un tiers d'entre elles n'étant pas commercialisables. Le traitement hebdomadaire des figues en cours de développement avec des insecticides (spinosad, dichlorvos ou fenthion) a permis de réduire de 50 % le niveau d'infestation par les thrips. Il est aussi précisé sur le poster que des procédés d'obturation de l'ostiole allaient être expérimentés (bande adhésive ou pastille auto-collante, avec application de répulsifs contre les thrips et de champignons entomopathogènes).
 

Obturation de l'ostiole pour éviter les attaques de thrips sur figues

Obturation de l'ostiole pour éviter les attaques de thrips sur figues.
(crédit :
Volcani Center, Bet Dagan, Israël).

 

PUNAISES

Nezara viridula L. et autres espèces

 

NEZARA VIRIDULA L. (PUNAISE VERTE PONCTUÉE)

Les punaises sont des hétéroptères dotés d'un appareil buccal de type piqueur-suceur, de quatre paires d'ailes et de longues antennes. Il existe en France plusieurs milliers d'espèces de punaises. Il m'est arrivé d'observer la présence de punaises sur des figues mais, à vrai dire, je ne m'en suis jamais vraiment inquiété.La punaise que je rencontre sur les figuiers est Nezara viridula L. (punaiseverte ponctuée). Mais elle est peu présente.

François Drouet, passionné de figuiers sur le littoral méditerranéen (région de Toulon), avec lequel j'ai échangé au sujet de cette espèce, m'a indiqué que lui aussi rencontre rarement Nezara viridula L. sur ses figuiers, et qu'il n'a jamais été préoccupé par les éventuels dégâts qu'elle pourrait commettre. A titre d’exemple, il m'a précisé que cette année, sur son spécimen de la variété ‘Col de Dame Noire’, il a observé une seule ponte (au revers d’une feuille), et il a vu uniquement un adulte (pas au même endroit de l’arbre). Il a éliminé facilement, de façon manuelle, les oeufs et l’adulte.

Je n’ai pas constaté de dégâts de Nezara viridula L. sur mes figues, vraisemblablement en raison de la très faible présence de celle-ci, mais la question pourrait se poser en cas de forte infestation. C'est le cas au verger conservatoire de figuiers de Gimont, à 50 km à l'ouest de Toulouse, où j'ai constaté en septembre 2016 une forte infestation de certains arbres par Nezara viridula L.  Cette espèce est phytophage. Effectivement, j'ai observé des individus (adultes et larves à différents stades) en grand nombre en train de se nourrir sur les feuilles des figuiers.
 

Nezara viridula L. : trois larves se nourrissant dans le limbe d'une feuille de figuier

Nezara viridula L. : trois larves se nourrissant dans le limbe d'une feuille de figuier.
(à droite, l'une des larves, plus petite, est à un stade différent des deux autres).
 

Nezara viridula L. est un insecte piqueur-suceur doté d’un rostre puissant avec lequel il peut percer le limbe des feuilles et l'épiderme des fruits. Le limbe des feuilles attaquées est marqué de nombreux trous, comme cela se voit sur la photographie ci-après.
 

Nezara viridula L. : deux larves se nourrissant dans le limbe d'une feuille de figuier

Nezara viridula L. : deux larves se nourrissant dans le limbe d'une feuille de figuier.
(remarquer les trous dans le limbe, notamment à gauche de la larve du bas)
.
 

En toute rigueur, n'ayant pas étudié de façon détaillée la nutrition de Nezara viridula L. sur feuilles de figuier, je ne puis affirmer avec certitude que les trous visibles dans le limbe sur la photographie précédente sont des trous de piqûres de nutrition de cette espèce. C'est toutefois un indice intéressant, qu'il conviendra d'approfondir à l'avenir par des observations minutieuses. En regardant les figuiers infestés, j'ai remarqué que des adultes et des larves de Nezara viridula L. se nourrissaient à l'intérieur de figues ouvertes.
 

Nezara viridula L. : adulte et larves à différents stades se nourrissant à l'intérieur d'une figue ouverte

Nezara viridula L. : adulte et larves à différents stades se nourrissant à l'intérieur d'une figue ouverte.
(l'adulte est l'individu le plus gros, entièrement vert ; des larves à différents stades l'accompagnent).

 

Nezara viridula L. : adulte et larves à différents stades se nourrissant à l'intérieur d'une figue ouverte

Nezara viridula L. : adulte et larves à différents stades se nourrissant à l'intérieur d'une figue ouverte.
(noter le rostre de l'adulte, entre les deux antennes, qui permet la succion dans l'infrutescence)
.
 

J'ai pu noter que Nezara viridula L. se nourrit aussi directement dans l'ostiole dilaté de figues très mûres.
 

Nezara viridula L. sur figue : larve se nourrissant dans l'ostiole dilaté

Nezara viridula L. sur figue : larve se nourrissant dans l'ostiole dilaté.
 

J'ai observé également que les adultes et les larves de Nezara viridula L. se nourrissent à travers l'épiderme de figues mûres non abîmées.
 

Nezara viridula L. : adulte se nourrissant à travers l'épiderme d'une figue mûre non abîmée

Nezara viridula L. : adulte se nourrissant à travers l'épiderme d'une figue mûre non abîmée.
 

Les figues concernées présentent en surface une multitude de trous, certains laissant s'écouler une pointe de latex.
 

Nezara viridula L. : adulte se nourrissant à travers l'épiderme d'une figue mûre non abîmée

Nezara viridula L. : adulte se nourrissant à travers l'épiderme d'une figue mûre non abîmée.
(noter les nombreux trous à la surface de la figue ; la limite de définition par agrandissement
 logiciel étant atteinte, observer la photographie avec une loupe pour bien les voir).
 

En toute rigueur, n'ayant pas observé et étudié la nutrition de Nezara viridula L. sur figues, il ne m'est pas possible d'attribuer à cette dernière certains des trous par lesquels a suinté du latex. Le trou suintant de latex est en effet caractéristique de la ponte de Ceratitis capitata Wiedemann. Assez curieusement, je n'ai pas observé cette mouche à Gimont. Je ne pense pas qu'elle y soit présente, bien que cela soit possible puisque la cératite est présente de façon chronique dans les Pyrénées Orientales, et qu'elle fait l'objet d'une surveillance dans les vergers de pommiers du Tarn-et-Garonne, à peu de distance de Gimont.

Compte tenu de la grosseur et de la robustesse du rostre de Nezara viridula L., il se pourrait que les piqûres de nutrition de celle-ci provoquent également dans certains cas une remontée de latex. En ce qui concerne les trous sans suintement de latex, il m'est également impossible d'attribuer ceux-ci à Ceratitis capitata Wiedemann (pontes), ou à Nezara viridula L. (piqûres de nutrition). Même en observant avec une loupe la taille et la forme des trous sur les agrandissements photographiques. D'autant plus que les trous de ponte de Drosophila suzukii Matsumura, également très présente dans le verger conservatoire de figuiers de Gimont, ne sont pas vraiment repérables sur les agrandissements maximaux des photographies.

En tout état de cause, compte tenu du mode de nutrition de Nezara viridula L.,  je suis amené à m’interroger sur ses dégâts éventuels sur figues mûres (et, peut-être aussi, immatures). En effet, Nezara viridula L. injecte de la salive à l'intérieur du fruit pour faciliter la succion de matière, entraînant ainsi une dégradation interne localisée de celui-ci qui pourrait le rend impropre à la consommation dans le cas de piqûres très nombreuses. Les exemples d'attaques de Nezara viridula L. sur d'autres fruits montrent bien la capacité de nuisance de celle-ci et m'inclinent à penser que cette nuisance est de même niveau sur la figue.

Toutefois, la présence de Nezara viridula L. sur figues est rarement signalée et, malgré des recherches approfondies en plusieurs langues, François Drouet et moi n'avons pas trouvé sur Internet de descriptions de dégâts sur figues par cette espèce émanant de sources fiables. Il sera intéressant d'étudier minutieusement à l’avenir le cas des figues percées de nombreux trous (y compris avec latex suintant) sur lesquelles on observe l'activité d’individus de Nezara viridula L. (au stade adulte ou larvaire).

 

HALYOMORPHA HALIS Stål (PUNAISE MARBRÉE, OU PUNAISE DIABOLIQUE)

Il faut connaître l'existence d'une espèce proche de la précédente, mais qui semble plus virulente : Halyomorpha halys Stål (punaise marbrée ou punaise diabolique). Introduite fortuitement d'Asie, elle provoque d'importants dégâts sur les récoltes légumières et fruitières dans certaines parties des Etats-Unis. En France, elle a déjà été identifiée en Alsace et à Paris (2012), ainsi que dans le Var et les Alpes-Maritimes (2015) ; elle devrait malheureusement se propager dans d'autres régions de France. Il convient donc de surveiller l'apparition éventuelle sur figuiers de cette espèce qui pourrait se montrer dangereuse pour les récoltes.
 

Halyomorpha halys Stål (punaise marbrée) sur figue, aux Etats-Unis

Halyomorpha halys Stål (punaise marbrée) sur figue, aux Etats-Unis.
Crédit : Jack Nutter.

 

TÉMOIGNAGES ERRONÉS DE DÉGÂTS DE PUNAISES

J'ai trouvé sur des forums ou des blogs américains divers témoignages de dégâts sur figues attribués par des particuliers à Nezara viridula L. (nommée en anglais “green stink bug” ou “southern green stink bug”), ou à Halyomorpha halys Stål (nommée en anglais “brown marmorated stink bug”). Mais tous ces témoignages sont sujets à caution. En effet, les dégâts visibles sur les photographies publiées en appui des témoignages montrent (à des degrés divers, selon le témoignage) que l'épiderme de la figue et une partie du parenchyme blanc sous-jacent ont été consommés. Ils ne peuvent donc pas être imputables à un insecte piqueur-suceur qui ne peut que se nourrir par succion à l’intérieur de la figue après avoir perforé l’épiderme par son rostre. Voici un premier exemple.
 

Dégâts sur figue d'origine inconnue

Dégâts sur figue d'origine inconnue.
Crédit :
Lemon verbena lady's herb garden.
 

Et voici un deuxième exemple.
 

Dégâts sur figue d'origine inconnue

Dégâts sur figue, d'origine inconnue.
Crédit :
66 square feet (plus).
 

Les dégâts photographiés me semblent imputables à un insecte broyeur doté de mandibules (ou à une larve du même type) qui a consommé la peau et une partie du parenchyme sous-jacent. Pour moi, il s’agit vraisemblablement de l’oeuvre de chenilles (il m'est arrivé parfois d'en observer sur figues). Dans le premier exemple, il se pourrait que sur le dessus il y ait eu attaque secondaire d'un oiseau car la figue paraît creusée. Les dégâts sont peut-être occasionnés par un insecte broyeur auquel je ne pense pas. François Drouet évoque aussi l'éventualité d'un petit mammifère rongeur.

 

TEIGNE DU FIGUIER

Choreutis nemorana Hübner

 

Il s'agit d'un lépidoptère. L'adulte est un petit papillon marron. Ce n'est pas lui qui provoque des dégâts sur la figue, mais sa chenille, quand elle se positionne à l'aisselle du jeune fruit. J'ai trouvé des informations dans le bulletin d'avertissement du 18 juin 2012 de la Chambre d'agriculture du Var, adressé à la coopérative Copsolfruits (qui regroupe l'essentiel des producteurs de la région de Solliès-Pont, bénéficiaires de l'AOP "Figue de Solliès"). Ce bulletin a été rédigé par Rémi Pécout, le technicien de la Chambre d'agriculture chargé des observations.

Celui-ci indique que la première génération de la teigne du Figuier est de faible population lorsque l'hiver a été froid. Cette génération dévore les pousses tendres et on peut constater des feuilles en dentelle dans les vergers non traités. Mais, en général, cela n’est pas très grave car la puissance de pousse est grande. Le vol du papillon de la teigne de la deuxième génération apparaît habituellement la seconde semaine de juin. Rémi Pécout indique que c’est cette deuxième génération de la teigne qui est dangereuse car elle dépose ses oeufs au voisinage des figues immatures.Les chenilles issues de ces oeufs vont entraîner la disparition d’une partie importante des petites figues en train d’apparaître.

Sur les figues plus grosses, leur attaque se traduit par des déformations et mutilations qui les rendent impropres à la commercialisation. Pour ma part, j'ai remarqué depuis très longtemps sur des figues immatures le type de dégâts caractéristique de ces chenilles : cavité ovale blanche au bord noirâtre, devenant brunâtre en se desséchant.
 

Choreutis nemorana Hübner (teigne du Figuier) : dégâts de chenille sur figue immature

Choreutis nemorana Hübner (teigne du Figuier) : dégâts de chenille sur figue immature.
 

Les dégâts se situent le plus souvent très près du pédoncule de la figue.
 

Choreutis nemorana Hübner (teigne du Figuier) : chenille attaquant la base d'une figue

Choreutis nemorana Hübner (teigne du Figuier) : chenille attaquant la base d'une figue.
 

Rémi Pécout indique que les traitements contre la mouche noire du Figuier peuvent également détruire les populations de chenilles de la teigne. Toutefois, il s'est rendu compte que les traitements au Suprême ou au Calypso ont peu d’efficacité sur la teigne, seul Décis détruit les chenilles. Il précise aussi que pour les vergers en culture biologique, il faut surveiller l'apparition des petites chenilles de la teigne (soie qui enveloppe en partie la figue ou qui se développe à la surface de la feuille), et réaliser un traitement avec Bacillus thuringiensis.

Lorsque j'étais producteur de figues au Maroc, je n'ai jamais observé ce parasite. Une enquête réalisée en 2012 par les services officiels marocains dans la principale zone de production de la figue n'a pas détecté de teignes. Mes observations ont été réalisées uniquement sur des figuiers du sud de la  France. Je voulais vérifier si ce parasite pouvait avoir une capacité de nuisance justifiant une intervention du producteur. J'ai constaté effectivement, comme le décrit Rémi Pécout, que la chenille peut grignoter les jeunes figues d'été, le plus souvent en étant installée entre le pétiole de la feuille et la figue.

J'ai observé  que ces fruits atteignent le plus souvent le stade de maturité en conservant une déformation due à la morsure. Certains de ces fruits ont pourri à l'intérieur, d'autres non et on peut les manger en enlevant la zone touchée par la chenille. Ils ne sont toutefois pas commercialisables. J'ai remarqué que les très jeunes feuilles sortant du bourgeon terminal, de taille de 1 à 1,5 cm environ, tombent tout de suite après une attaque de teigne.
 

Choreutis nemorana Hübner (teigne du Figuier) : chenille attaquant une jeune figue immature

Choreutis nemorana Hübner (teigne du Figuier) : chenille attaquant une jeune figue immature.

 

NYMPHALE DE L'ARBOUSIER

Charaxes jasius L.

 

Ce papillon est dénommé la nymphale de l'arbousier car il pond ses oeufs sur les feuilles de l'arbousier (Arbutus unedo L.), dont sa chenille se nourrit ensuite. Il a pour autres noms le Jason et le Pacha à deux queues. On peut l'observer lors de deux vols annuels : mai/juin et août/septembre. Un aimable internaute m'a fait parvenir une observation de ce papillon se nourrissant dans l'ostiole d'une figue à surmaturité, réalisée le 18 août 2018 à Valbonne, dans les Alpes-Maritimes (variété de la figue : 'Violette de Solliès', synonyme 'Bourjassote Noire'). Il m'a précisé qu'il s'agit d'une observation unique, qui n'a jamais eu lieu auparavant et qui ne s'est pas répétée. Et il m'a indiqué que le papillon était tellement absorbé par son activité de nutrition qu'il a fallu presque qu'il le touche pour qu'il prenne son envol.
 

Charaxes jasius L. (nymphale de l'arbousier) se nourrissant dans l'ostiole d'une figue à surmaturité

Charaxes jasius L. (nymphale de l'arbousier) se nourrissant dans l'ostiole d'une figue à surmaturité.
Crédit : Pierre Dreyfuss.

 

Charaxes jasius L. (nymphale de l'arbousier) se nourrissant dans l'ostiole d'une figue à surmaturité

Charaxes jasius L. (nymphale de l'arbousier) se nourrissant dans l'ostiole d'une figue à surmaturité.
Crédit : Pierre Dreyfuss.

 

Charaxes jasius L. est connu pour son attirance pour les fruits fermentés, mais son observation sur figue reste rare. Il ne s'agit pas stricto sensu d'un insecte qui attaque les figues. Il ne pond pas dans la figue et sa chenille n'attaque pas non plus la figue de l'extérieur, comme le fait celle de la teigne du Figuier (précédemment évoquée, qui est également un papillon). Mais, en toute rigueur, on peut se demander si la partie de l’infrutescence sucée à travers l’ostiole ne pourrait pas se dégrader. On peut aussi s'interroger sur la possibilité d'introduction de champignons pathogènes (par exemple, Fusarium moniliforme) dans l'ostiole lors de la succion pratiquée à ce niveau par le papillon.

Au-delà de la nocivité pour la figue, l'interrogation pourrait même porter sur une éventuelle conséquence sur la santé de l'homme. En effet, Charaxes jasius L. a d'autres goûts alimentaires, moins raffinés que son aspect ne le laisse supposer : il a coutume de se poser sur les excréments de divers animaux, de les ramollir avec un liquide qu'il émet par l'anus et de les absorber ensuite avec sa trompe... Toutefois, le fait que ce papillon ne semble s'intéresser aux fruits que lorsqu'ils sont fermentés, donc, pour les figues, lorsqu'elles sont à surmaturité, permet d'écarter toute nuisance de sa part sur la récolte (et tout questionnement sur des possibilités de contamination pour le consommateur). S'il venait à se nourrir dans l'ostiole de figues mûres non fermentées, les questions sur son éventuelle nocivité, pour la figue comme pour le consommateur, resteraient posées... Mais, elles le seraient aussi pour un grand nombre de fruits.

 

Pour les mouches attaquant la figue, voir l'article de François Drouet.

 

 

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