Les fruitiers rares
 
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Accueil > Espèces > Asiminier > L'Asiminier - Asimina triloba (L.) Dunal.

 

Article publié en 2007.
Auteur : Sergio CARLINI.
Traduction : Marcello FINOCCHIARO.
Photographies : François DROUET, sauf indications.
Tous droits réservés.

 

 

L'Asiminier

 

Asimina triloba (L.) Dunal

 

 

 

Qui ne voudrait pas posséder un fruitier tropical dans son jardin, dont les fruits seraient vraiment excellents et totalement inhabituels, et ceci même dans des régions septentrionales ? Ne rêvez plus, ce fruitier existe... Il s'agit de l'Asiminier, Asimina triloba (L.) Dunal, qui appartient à la famille des Annonaceae. Je vous présente cette espèce ci-après, selon le plan suivant : origines et diffusion, caractères botaniques, maturation-récolte-consommation, utilisations, sélection, cultivars, culture, multiplication.
 

Asimina triloba (Asiminier, pawpaw)

 Asimina triloba (Asiminier, pawpaw).
(crédit : Kentucky State University). 

 

ORIGINES ET DIFFUSION

 

L'Asiminier, Asimina triloba (L) Dunal, est originaire des Etats-Unis, ainsi que du Sud-Est canadien. Aux USA, il a pour nom vernaculaire Paw Paw, qui s'écrit aussi en un seul mot Pawpaw. Sont utilisés également aux USA les noms moins courants de Indian banana, Hoosier banana, Poor's man banana. Au Québec, Asiminier est contracté en Asimier. Attention au terme "Pawpaw" : dans certains pays anglophones de l'hémisphère sud, notamment l'Australie et l'Afrique du Sud, ce terme désigne la papaye : Carica papaya L. Cette information m'a été initialement fournie par un ami pépiniériste spécialisé dans les fruitiers rares, qui l'a apprise à ses dépens en étant dans l'impossibilité de retourner le lot de papayers reçu d'une pépinière de vente en gros d'Afrique du Sud, après avoir commandé des asiminiers sous le nom de "pawpaw"... J'ai noté par la suite que cette fâcheuse polysémie est signalée par Louis Glowinski dans son remarquable ouvrage The complete book of fruit growing in Australia. Une illustration de plus de l'utilité des désignations latines en botanique.

L’Asiminier est un des rares grands arbres fruitiers originaires d’Amérique septentrionale, et le seul à porter de gros fruits. Les Annonaceae constituent une famille composée de milliers d’espèces, largement diffusées dans les zones tropicales et équatoriales de toute la planète. Les représentants de cette famille existent à l’état naturel aux Etats-Unis dans de petites zones de territoires de l’extrême sud, et se répartissent entre quatorze espèces appartenant à trois genres (Annona, Asimina et Deeringothamnus). Presque toutes sont présentes uniquement dans des régions limitées, voire très limitées. Seules quelques espèces du genre Asimina sont originaires de régions plus étendues. Asimina parviflora (Michx.) Dunal est assez diffus dans le Sud-Est des Etats-Unis.

Asimina triloba (L.) Dunal est en revanche présent dans une bonne partie des états de l’Est des Etats-Unis, dans une région allant du Nebraska oriental au Maine, et du nord de la Louisiane à l’extrémité septentrionale de la Floride. La limite la plus septentrionale se trouve sur d'étroites bandes de territoire des rives des Grands Lacs (Canada).
 

Aire d'origine d'Asimina triloba

Aire d'origine d'Asimina triloba.
 

Il est communément admis que la plante est d'origine très lointaine aux Etats-Unis. Dans les régions précitées, des empreintes de feuilles similaires en tous points aux feuilles actuelles ont été relevées dans des dépôts fossiles datés de la fin du Miocène et de l’Eocène. Il est aussi admis que la diffusion des graines provenant des sites soumis aux dernières glaciations a été réalisée par les grands mammifères, et, plus tard, par les humains.

La plante pousse maintenant principalement dans les dépôts alluvionnaires des fleuves et des rives sablonneuses et boueuses des rivières. La majorité de la population est présente dans les bassins du Mississipi et de l’Ohio River, dans de nombreuses zones de faible taille éparpillées sur ce territoire. Sa présence à l’état sauvage se réduit de plus en plus, sous l’effet de l’anthropisation du territoire et de l’expansion de l’agriculture. A l’opposé, sa présence dans les jardins publics et privés ne cesse d’augmenter. Localement, l'Asiminier a pris de la valeur pour sa portée affective et sa dimension historique. Aux USA, des mesures de protection de l'espèce et de conservation de son germoplasme ont été mises en œuvre. 

Malgré son aspect tropical, l'espèce est parfaitement adaptée aux climats tempérés froids. Elle s’est donc diffusée, voire a été introduite en culture, dans l’ouest des Etats-Unis. Ceci en particulier dans les sites fertiles à climat continental ou côtier, avec des hivers froids et des étés tempérés. Elle ne supporte pas  les climats excessivement chauds et arides. L'Asiminier a été exporté dans différents pays au climat tempéré, particulièrement de type continental.

Un facteur important de limitation de sa diffusion est certainement son coût de production. Ce coût reste élevé par rapport à celui des autres plantes fruitières traditionnelles (pêchers, pommiers, abricotiers, etc.). Il est lié à la grande difficulté, voire l'impossibilité, de planter l’Asiminier à racines nues, méthode la plus rapide et la plus économique. Actuellement, la nécessité de développer les plantes en pots profonds en pépinière ne permet pas la réduction des coûts. De plus, la plantation est une phase délicate qui doit s'effectuer en faisant attention à ne pas laisser se détacher la terre adhérant aux racines lorsqu'on retire la plante des pots.

Un jardinier amateur peut supporter le prix d’achat d’une plante en pot, même si ce prix est trois fois plus élevé que le prix d’une plante cultivée en pépinière de façon traditionnelle à racines nues. Toutefois, pour un agriculteur devant se lancer dans une plantation à grande échelle ce prix peut s’avérer prohibitif. Malgré tout, des plantations importantes sont en cours dans l’habitat d’origine de l’Asiminier, sous l’effet de la revalorisation de son fruit. Celui-ci est maintenant considéré de bien plus grande importance que par le passé, lorsque l'Asiminier était perçu comme un simple fruitier sauvage. Les Etats-Unis portent ainsi aujourd’hui un intérêt grandissant à ce fruitier particulier.

 

CARACTÈRES BOTANIQUES

 

L'ARBRE

C’est un arbre de structure pyramidale, du moins chez les sujets isolés. De dimension moyenne de 5 à 6 mètres de hauteur, il peut parfois atteindre 10 mètres de haut dans son milieu naturel. Le tronc est droit, d’aspect vigoureux, avec une écorce grise.
 

Asimina triloba (Asiminier, pawpaw)

Asimina triloba (Asiminier, pawpaw).
 

On peut le conduire en gobelet, pour faciliter la récolte.
 

Asimina triloba conduit en gobelet

Asimina triloba conduit en gobelet.
Crédit : Sergio Carlini.

 

Ou lui conserver son port naturel.
 

Asimina triloba conduit en gobelet

Asimina triloba : port naturel.

 

LES FEUILLES

L’Asiminier est à feuillage caduc et émet ses nouvelles feuilles tardivement au mois de mai, après la floraison. 
 

Asimina triloba : silhouette d'un jeune sujet en fin d'hiver

Asimina triloba : silhouette d'un jeune sujet en fin d'hiver.
 

Il présente des feuilles alternes, nettement pendantes, à bordure rectiligne, rappelant par leur forme et leur dimension les feuilles d’un châtaignier.  
 

Asimina triloba : feuillage

Asimina triloba : feuillage.
 

Leur forme est ovale allongée, parfois légèrement oblongue, avec la partie plus large à l’extrémité du pédoncule, de couleur vert vif, et, dans certains cas à l’état adulte, le verso couvert d’une légère pilosité brune. Leur longueur est de 15-30 cm. A l’automne, les feuilles prennent une teinte dorée, puis brune, avant de tomber.
 

Asimina triloba : feuillage automnal

Asimina triloba : feuillage automnal.
 

Dans de rares cas, il a été observé des allergies au contact des feuilles et de la peau des fruits, qui se traduisent par une irritation et des rougeurs de la peau. Il est de bon usage, lorsque l’occasion se présente et en premier lieu, de tester sa propre sensibilité à ces formes d'allergies. Il suffit de frotter légèrement une feuille sur le dos de la main et d’observer la réaction. En cas de test positif (rougeur notoire), il faut éviter le contact avec les feuilles.

 

LES FLEURS

Les fleurs se forment à partir des boutons, présents et visibles dès le mois de juillet de l'année précédente.
 

Asimina triloba : jeune sujet en fin d'hiver, avec boutons floraux en débourrement

Asimina triloba : jeune sujet en fin d'hiver, avec boutons floraux en débourrement.
 

Les boutons floraux se distinguent des bourgeons végétatifs car ils sont arrondis.
 

Asimina triloba : boutons floraux et un bourgeon à feuilles

Asimina triloba : boutons floraux et un bourgeon à feuilles.
(entre les deux gros boutons floraux, juste au-dessus).

 

Asimina triloba : boutons floraux et bourgeon végétatif apical

Asimina triloba : boutons floraux et bourgeon végétatif apical.
 

Les fleurs apparaissent bien avant le feuillage, mais, par leur dimension et leur couleur, restent peu voyantes. La floraison commence vers la fin du mois de mars et continue jusqu’au début du mois de mai, l'essentiel se produisant en avril.
 

Asimina triloba : début de floraison

Asimina triloba : début de floraison.
 

Les fleurs, hermaphrodites, sont de dimension moyenne (1,5 à 3 cm de diamètre) et retombantes sous un pédoncule velu. Elles apparaissent seules, rarement en groupe
.

Asimina triloba : floraison

Asimina triloba : floraison.
 

Elles comportent trois petits sépales verts avec une pilosité brunâtre, ainsi que six pétales de couleur rouge foncé lie-de-vin.
 

Asimina triloba : fleurs

Asimina triloba : fleurs.
 

Elles présentent une symétrie en forme de roue.

Asimina triloba : fleur (noter les six pétales)

Asimina triloba : fleur (noter les six pétales).
 

Les ovaires sont entourés d’une couronne avec de nombreuses étamines.
 

Asimina triloba : intérieur de la fleur

Asimina triloba : intérieur de la fleur.

 

LA POLLINISATION

Les fleurs présentent une nette protogynie. Les organes femelles sont actifs quelques jours avant les organes mâles, ce qui signifie que la partie féminine d’une fleur est potentiellement réceptive avant la maturation de la partie mâle pollinisatrice. La pollinisation entre différentes fleurs nécessite que la maturation des parties sexuelles soit en phase. Elle est favorisée par la présence simultanée de nombreuses fleurs à des stades différents de floraison sur la même plante, ou sur une autre plante. On trouve ainsi de façon concomitante sur l'arbre des fleurs encore fermées, entrouvertes, pleinement épanouies ou fanées. La période totale de floraison de l'arbre séchelonne sur une vingtaine de jours.

Mais cela ne suffit pas car, pour la quasi-totalité des variétés, le pollen est auto-incompatible. Le pollen des fleurs d'un plant donné ne féconde pas les fleurs du même plant (au sein d'une même fleur, ou d'une fleur à l'autre). Une fertilité satisfaisante s'obtient uniquement par interpollinisation entre individus différents. Deux plantes nées de deux semis différents, même originaire d'un seul arbre, sont définies comme deux individus différents, de même que deux plantes greffées avec des variétés différentes. Deux plantes greffées avec la même variété ne sont pas des individus différents ; il s’agit de deux exemplaires du même clone. Quelques variétés sont données comme étant autofertiles ('Sunflower', 'Prima1216', 'Georgia'). Avec ces cultivars, il suffit de planter un seul sujet pour obtenir des fruits. Mais la fructification est moindre que si la variété autofertile est associée à une autre variété qui la pollinise.

En phase initiale, lors de la maturation des parties féminines, les fleurs possèdent des pétales rectilignes et une forme rappelant une tulipe fermée. Trois pétales internes renferment les organes sexuels et alternent avec trois pétales externes presque fermés. Par la suite, à l’époque de la maturation des parties mâles, les pétales s’incurvent vers l’extérieur et prennent une forme de clochette ouverte. La photographie ci-dessous illustre ces deux stades.
 

Asimina triloba : les deux stades de la floraison (tulipe fermée et clochette ouverte)

Asimina triloba : les deux stades de la floraison (tulipe fermée et clochette ouverte).
 

Les ovaires sont multiples et produisent donc des groupes de fruits. Cette caractéristique est visible à la nouaison.
 

Asimina triloba : groupe de fruits noués

Asimina triloba : groupe de fruits noués.
 

Chez certaines fleurs, de nombreux ovaires avortent et des fruits uniques se développent.
 

Asimina triloba : fruit isolé noué (au-dessus de la fleur)

Asimina triloba : fruit isolé noué (au-dessus de la fleur).
 

Des difficultés de pollinisation naturelle peuvent apparaître par manque d’agents pollinisateurs adéquats. En effet, les fleurs n'attirent pas du tout les abeilles. Elles dégagent une odeur de viande en décomposition, qui, fort heureusement, est imperceptible par l'homme, sauf à mettre le nez dans la fleur. Les agents pollinisateurs sont les mouches à fumier, les mouches communes, les coléoptères. Ces insectes ne sont pas rares dans un potager, près d’un tas de fumier ou d’étables, mais ils ne fréquentent pas les jardins d'ornement ou les vergers. La fécondation manuelle (avec un fin pinceau, une plume, ou un doigt) peut s'avérer utile. Il est évident qu’une telle solution serait coûteuse s’il fallait la pratiquer à grande échelle.

 

LE FRUIT

Il est assez proche de celui du Chérimolier (Annona cherimola Mill.). La plante commence à produire des fruits lorsqu’elle atteint les 2-2,5 m (3-6 ans). Les fruits, appelés asimines, sont de grandes baies ovales, plus ou moins allongées de 6 à 18 cm de long pour 3 à 9 cm de large, avec une forme légèrement lobée.

Les asimines peuvent être uniques.
 

Asimina triloba : fruit unique non mûr

Asimina triloba : fruit unique non mûr.
 

Ou réunies en groupes. Elles constituent alors des sortes de régimes similaires dans leur structure à ceux des bananes, ce qui explique les noms locaux les associant aux bananes.
 

Asimina triloba : groupe de deux fruits en cours de formation

Asimina triloba : groupe de deux fruits en cours de formation.

 

Asimina triloba : groupe de trois fruits non mûrs

Asimina triloba : groupe de trois fruits non mûrs.
 

L'asimine est dotée d’une peau souple, mais relativement robuste, de couleur vert clair à maturité et qui tend ensuite légèrement vers le jaune, puis le brun à surmaturité. Le poids moyen de l'asimine pour un arbre donné varie de 100 à 200 g, selon les cultivars. Parmi les asimines d'une récolte de 200 g de poids moyen, certaines asimines peuvent atteindre 400g.

Les asimines contiennent de nombreuses graines brunes, disposées en deux rangées. Ces graines sont très dures et de dimensions importantes (longueur jusqu’à 2-3 cm), semblables à de gros haricots allongés. La réduction du nombre de graines, ainsi que de leurs dimensions, font partie des objectifs de la sélection variétale. La pulpe est de consistance crémeuse et, selon les variétés, de couleur blanche, jaune ou orange. Elle est très douce et parfumée, de saveur complexe, très particulière, semblable à la banane ou à la mangue, avec un arôme d’ananas  privé d’acidité.
 

Asimina triloba : fruit mûr

Asimina triloba : fruit mûr.
Crédit : Sergio Carlini.

 

MATURATION - RÉCOLTE - CONSOMMATION

 

MATURATION

Les asimines (fruits de l'Asiminier) atteignent la complète maturité lorsque la pulpe devient plus tendre, comme pour les pêches. Elles se détachent alors facilement de l’arbre et commencent à tomber. A ce stade, elles présentent  les meilleures caractéristiques organoleptiques. Pour un certain nombre de variétés, dont 'Sunflower', la couleur de la peau est alors encore entièrement verte. Lorsque la couleur verte devient plus claire, le fruit est plus mou mais le goût reste agréable.
 

Asimina triloba : fruit mûr de la variété 'Sunflower'

Asimina triloba : fruit mûr de la variété 'Sunflower'.
Crédit : Sergio Carlini.

 

Pour d'autres variétés, à la bonne maturité de consommation le fruit est vert jaunâtre ou jaune. Lorsqu’il se tache fortement de brun et qu’il devient vraiment mou, le fruit est à surmaturité. Dans cet état, il est trop tard pour le consommer car il présente un goût désagréable.
 

Asimina triloba : fruit à surmaturité (goût désagréable)

Asimina triloba : fruit à surmaturité (goût désagréable.
Crédit : François Drouet.

 

RÉCOLTE

Du fait de la présence de substances irritantes dans les fruits verts, il est conseillé de ne récolter les fruits que s’ils sont mûrs ou qu’ils sont très proches de l’être. D'ailleurs, s’ils sont récoltés trop tôt ils ne peuvent pas atteindre le stade de maturité approprié, comme le feraient d’autres types de fruits. Dans ce cas, les fruits conservent leurs principes irritants et sont de très mauvaise qualité gustative. Il faut récolter les fruits avec beaucoup d’attention car à maturité ils sont délicats et s’abîment facilement.

Selon les cultivars, la maturité est atteinte de la deuxième moitié d’août jusqu’au début octobre, en fonction du climat et des conditions de croissance (durée de la saison chaude). En climat côtier de la Riviera ligure (Italie), la maturité est atteinte fin août / début septembre pour la variété 'Sunflower'. La maturité des fruits n'est pas simultanée pour l'ensemble de ceux-ci. Comme la floraison, elle s'échelonne sur une vingtaine de jours.

La récolte de fruits verts en un passage avec des moyens mécaniques rapides, puis de longues périodes de conservation en chambres froides, sont les conditions fondamentales pour avoir des fruits toujours à disposition et à coûts réduits. En conclusion, l'Asiminier présente d’excellentes possibilités d’utilisation dans un jardin de particulier, mais il n'est pas adapté à la culture extensive industrielle.

 

CONSOMMATION

Comme pour les Annonacées tropicales, l’utilisation principale est le fruit frais, qui, dans le cas de l'Asiminier, se récolte tard en été ou à l’automne. Lorsque l'on consomme l'asimine, la peau ne se mange pas et les graines ne s'avalent pas. De façon très rare, il a été constaté que l’ingestion de la pulpe des fruits, même lorsqu’ils sont mûrs, pouvait provoquer des problèmes intestinaux. Si l'on a des craintes, il convient de vérifier par petites doses les effets de l’ingestion de la pulpe. Il faut de même savoir que si la partie interne des grosses graines (endosperme) est écrasée et ingérée, il y a un risque de nausées, vomissements et douleurs abdominales. En revanche, si les graines sont ingérées intégralement, elles traversent le tube digestif en restant inaltérées et ne produisent aucun effet nocif.

 

CONSERVATION

La durée de conservation de l'asimine à température ambiante est limitée à quelques jours, comme c'est le cas pour les Annonacées tropicales. En revanche, si les asimines ne sont pas abîmées et qu’elles sont placées dans un réfrigérateur, la durée de conservation est d’environ deux semaines. Elles sont sensibles au mécanisme d’accélération de maturation que provoque la présence d’éthylène. Si les asimines sont déposées à proximité de pommes, l’éthylène émis par ces dernières en mûrissant accélère leur maturation.

 

UTILISATIONS

 

UTILISATIONS ALIMENTAIRES

ll est possible de préparer des jus, des crèmes, des ingrédients pour glaces, des compotes, etc. Il a aussi été signalé dans la littérature la confection d’une boisson fermentée avec la pulpe des fruits. La pulpe peut être congelée.

Le contenu alimentaire des fruits est remarquable. Dans la pulpe, crémeuse et relativement pauvre en eau, sont présents des hydrates de carbone (sucres), glucose, saccharose et fructose, en proportion allant jusqu’à 18 %. Elle renferme aussi des vitamines A et C, des oligo-éléments en concentrations inhabituellement élevées (P, Ca, Mg, S, Fe). On y trouve également des protéines en quantités étonnantes, s’agissant d'un fruit, sous forme de nombreuses variétés d’acides aminés équilibrées.

 

AUTRES UTILISATIONS

A l’exception de la pulpe dans les fruits mûrs, toute la plante (les jeunes branches, les graines,les racines, les fruits verts) contient une quantité importante d’alcaloïdes, des tanins et d’autres substances chimiques. Certaines de ces substances, comme l’acétogénine, ont une remarquable action pesticide envers les insectes et nématodes dont ils compromettent les fonctions vitales. Des travaux sont en cours afin d’étudier des substances dérivées permettant de constituer des pesticides végétaux naturels.

Ces mêmes substances sont actuellement étudiées pour leurs effets anticancéreux. Elles seraient très efficaces dans la cure de certains types de tumeurs humaines, en particulier celles relatives aux organes génitaux féminins. Des travaux pharmaceutiques sont en cours pour isoler et doser les principes actifs, définir leurs champs d’application, et surtout vérifier les effets secondaires. Les Etats-Unis ont déjà déposé des brevets et des licences pour la commercialisation de dérivés pharmaceutiques. 

 

SÉLECTION

 

De nombreuses campagnes de sélection ont été effectuées (plusieurs dizaines). Elles ont presque toutes été réalisées aux Etats-Unis, dès le début du siècle passé (1905) et elles continuent encore de nos jours. L'université de l'état du Kentucky (KSU ou KYSU), à Frankfort, USA, développe l'unique programme de recherche mondial permanent sur Asimina triloba (L.) Dunal. Ce programme comprend la caractérisation de la diversité génétique, la sélection de cultivars, l'observation de comportement des variétés locales, l'amélioration des méthodes de multiplication par semis et par voie végétative, la compréhension du processus de maturation, les techniques de stockage au froid, les recommandations de conduite des vergers de production. La KSU (KYSU) possède une collection de 1700 accessions, originaire de 17 états, qui constitue le conservatoire national et la banque de gènes de l'USDA pour Asimina triloba.
 

Asimina triloba (Asiminier, pawpaw) : accessions en cours d'évaluation à la KSU

Asimina triloba (Asiminier, pawpaw) : accessions en cours d'évaluation à la KSU.
Crédit : Kentucky State University.

 

Asimina triloba (Asiminier, pawpaw) : accessions en cours d'évaluation à la KSU

Asimina triloba (Asiminier, pawpaw) : accessions en cours d'évaluation à la KSU.
Crédit : Kentucky State University.

 

Asimina triloba (Asiminier, pawpaw) : accessions en cours d'évaluation à la KSU

 Asimina triloba (Asiminier, pawpaw) : accessions en cours d'évaluation à la KSU.
Crédit : Kentucky State University.

 

L'université consacre une partie de son site institutionnel à l'Asiminier. Dans cette partie, se trouve présenté le programme de recherche (acteurs, événements, contenu, résultats...). Elle rassemble aussi tous types d'informations sur l'Asiminier : liste des cultivars commercialisés avec courte description et coordonnées des fournisseurs, photothèque, bibliographie, aspects nutritionnels et médicinaux, recettes, guide de culture, liste de pépinières, liens vers d'autres sources d'informations sur l'Asiminier etc.

La variabilité génétique de l’espèce est importante et il a été possible d’identifier des cultivars à végétation vigoureuse ou modérée, à grands fruits ou petits fruits, avec pulpe blanche, jaune ou orange. Il existe aussi des variétés dont la saveur est plus ou moins astringente etc. Les possibilités de sélection sont encore importantes. Une sélection organisée avec des moyens spécifiques est également en cours afin d’identifier des variétés intéressantes pour leur contenu pharmacologique actif.

 

CULTIVARS

 

La liste ci-dessous a été amorcée à partir du site de la  Kentucky State University, et a été ensuite étoffée à l'aide de sources documentaires diverses. La majeure partie des variétés n’ont jamais été correctement comparées (influence des situations climatiques et des conditions pédologiques des différents sites géographiques). Il faut souligner que certaines des variétés décrites sont en fait quasiment introuvables.

 

Adam’s Secret : origine Pennsylvanie. Fruits grands, peu de graines, la peau reste verte même à maturité.

Blue Ridge : sélectionné dans le Kentucky par Johnny Johnson ; pulpe blanche.

Collins : sélectionné en Géorgie.

Convis : sélectionné dans les vergers de Corwin Davis ; grands fruits, pulpe jaune.

Davis : sélection à partir d’une plante sauvage dans le Michigan par Corwin Davis en 1959. Introduite en 1961 de Bellevue, Michigan. Productif ; fruit de volume moyen, long jusqu’à 12,5 cm, peau verte, pulpe jaune, grandes graines. Se conserve bien au réfrigérateur.

Duckworth A : cultivar pour climat chaud, sélectionné à San Mateo, Floride, par Eric Duckworth ; obtenu par semis de plantes de Louisiane ; arbre de forme pyramidale. Ce cultivar a des exigences limitées en froid hivernal et est donc adapté à des climats relativement chauds.

Duckworth B : cultivar pour climat chaud, sélectionné à San Mateo, Floride par Eric Duckworth ; obtenu par semis de plantes de Louisiane ; dimensions d’un gros buisson. Ce cultivar a des exigences limitées en froid hivernal et est donc adapté à des climats relativement chauds.

Estil : sélectionné par Nettie Estil à Frankfort, Kentuky. Grands fruits avec une pulpe pâteuse.

Ford Amend : sélection à partir d’une plante sauvage, à Ford Amend, aux alentours de 1950. Introduite depuis Portland, Orégon. Fruits de taille moyenne. Maturation plus précoce que Sunflower, peau vert-jaunâtre, pulpe jaune.

G-2 : sélection depuis des semis de G.A. Zimmerman par John W. McKay, College Park, Maryland, en 1942.

Georgia : obtenu par la pépinière italienne Azienda Agricola Bella, à Rivoli (environ 20 km de Turin) ; donné pour autofertile ; production régulière de fruits de mi-saison à pulpe blanc-jaunâtre et d'un poids variant entre 200 et 400 grammes.

Glaser : sélection par P. Glaser de Evansville, Indiana. Fruits de dimension moyenne.

IXL : hybride de Overleese et Davis. Grands fruits à pulpe jaune.

Jack’s Jumbo : sélectionné en Californie par semis de Corwin Davis. Grands fruits.

Kirsten : hybride de Taytwo x Overleese ; sélectionné par Tom Mansell, Aliquippa, Pennsylvanie.

Kurle : assez vigoureux ; moyennement productif ; fruits moyens à petits ; peau jaunâtre ; pulpe jaune ; très bonne qualité.

LA Native : fleurit tardivement, petits fruits. Semble être plus résistant au froid que beaucoup de cultivars.

Little Rosie : sélectionné par P. Glaser de Evansville, Indiana. Petits fruits ; semble être un excellent pollinisateur.

Lynn’s Favorite : sélectionné dans les vergers de Corwin Davis ; grands fruits, pulpe jaune.

M-1 : sélection par un semis du cultivar G-2 par John W. McKay, College Park, Maryland, en 1948.

Mango : sélection à partir d’une plante sauvage à Tifton, Géorgie, par Major C. Collins en 1970. Croissance très vigoureuse. Gros fruits à pulpe de couleur jaune orangé.

Mary Foos Johnson : sélection à partir d’une plante sauvage au Kansas par Milo Gibson. Les jeunes plantes ont été données ultérieurement au North Willamette Experimental Station, Aurora, Orégon, par Mary Foos Johnson. Fruits larges, peau jaune, pulpe couleur crème, peu de graines.

Mason/WLW : sélection à partir d’une plante sauvage à Mason, Ohio, par Ernest J. Downing en 1938.

Middletown : sélection à partir d’une plante sauvage à Middletown, Ohio, par Ernest J. Downing en 1915. Petit fruit.

Mitchell : sélection à partir d’une plante sauvage à Jefferson, Colorado, Illinois, par Joseph W. Hickman en 1979. Fruits moyens, peau jaune pâle, pulpe jaune, peu de graines.

NC-1 : hybride de Davis x Overleese ; sélectionné par R. Douglas Campbell, Ontario, Canada, en 1976. Vigueur moyenne. Productif. Grands fruits ; peu de graines ; peau fine et jaune, pulpe jaune. Maturité précoce.

Overleese : sélection à partir d’une plante sauvage à Rushville, Indiana, par W.B. Ward en 1950. Grands fruits, peu de graines ; production par groupes de trois ou cinq fruits, chacun pesant jusqu’à 300-350 g. Maturité début octobre.

PA-Golden 1 : sélection par semis de la collection George Slate par John Gordon, Amherst, New York. Fruits moyens, peau jaune, pulpe jaune.

PA-Golden 2 : sélection par semis de la collection George Slate par John Gordon, Amherst, New York. Fruits moyens, peau jaune, pulpe jaune.

PA-Golden 3 : sélection par semis de la collection George Slate par John Gordon, Amherst, New York. Fruits moyens, peau jaune, pulpe jaune.

PA-Golden 4 : sélection par semis de la collection George Slate par John Gordon, Amherst, New York. Fruits moyens, peau jaune, pulpe jaune.

Prima 1216 : obtenu par la pépinière italienne Azienda Agricola Montanari Domenico à Faenza  (environ 60 km au sud-est de Bologne) ; donné pour autofertile ; très prolifique ; gros fruits de mi-saison à pulpe jaune d'environ 200 grammes ; bonne saveur.

Rappahannock : sélection de R. Neal Peterson par semis de plantes du Blandy Experimental Farm. Fruit moyen, pulpe ferme, peu de graines, fentes jaunes sur la peau. Port inhabituel avec des feuilles plates ou érigées (ne pendent pas). Les fruits sont plus visibles. Cultivar breveté.

Prolific : sélection de Corwin Davis, Bellevue, Michigan, en 1980-90. Très productif. Grands fruits, pulpe jaune.

Rebecca's Gold : sélection par semis de graines de Corwin Davis, Bellevue, Michigan, par J.M. Riley en 1974. Fruits moyens, pulpe jaune.

Ruby Keenan : fruit moyen, excellente saveur.

SAA-Overleese : sélection d’Overleese par semis de John Gordon, Amherst, New York, en 1982. Grands fruits, forme ronde, peau verte et pulpe jaune.

SAA-Zimmerman : sélection par semis de G.A. Zimmermann, de John Gordon, Amherst, New York en 1982. Gros fruits, peau et pulpe jaune, peu de graines.

Shenandoah : sélectionné  par R. Neal Peterson de semis d’Overleese. Grands fruits, peu de graines, pulpe rafraîchissante, pas trop doux. Cultivar breveté.

Silver Creek : sélection à partir d’une plante sauvage à Millstedt, Illinois, par K. Schubert. Fruits de dimension moyenne.

Sue : sélectionné dans le sud de l’Indiana. Fruits moyens, peau jaune, pulpe jaune.

Sunflower : sélection à partir d’une plante sauvage à Chanute, Kansas, par Milo Gibson en 1970. Prétendu autofertile. Grands fruits par groupes de trois à cinq, pulpe jaune crème, peu de graines. Excellente saveur.

Sunglo : grand fruit, peau jaune, pulpe jaune, doux et aromatique.

Susquehanna : sélection de R. Neal Peterson par semis de la collection du Blandy Experimental Farm. Fruits très grands, pulpe ferme, peau fine. Cultivar breveté.

Sweet Alice : sélection à partir d’une plante sauvage de Virginie Occidentale par Homer Jacobs, de l’Holden Arboretum, Mentor, Ohio, en 1934. Vigueur modérée. Port naturellement compact. Productif. Gros fruits de bonne qualité.

Taylor (Taylor N° 1) : sélection à partir d’une plante sauvage à Eaton Rapids, Michigan, par Corwin Davis en 1968. Très productif. Maturité précoce. Fruits petits, en groupes jusqu’à sept, peau verte, pulpe jaune. Très bonne qualité.

Taytwo (Taylor N° 2) : sélection à partir d’une plante sauvage à Eaton Rapids, Michigan, par Corwin Davis en 1968. Fruits petits, peau vert clair, pulpe jaune.

Tollgate : grands fruits, pulpe jaune.

WelIs : sélection à partir d’une plante sauvage à Salem, Indiana, par David Wells en 1990. Fruits petits, peau verte, pulpe jaune-orange.

White : sélectionné dans le Kentuky par Johnny Johnson ; pulpe blanche.

Wilson : sélection à partir d’une plante sauvage sur la Black Mountain, Harlan Colorado, Kentuky, par John V. Creech en 1985. Fruit petit, peau jaune, pulpe jaune.

Zimmerman : sélectionné dans l'état  New York à partir de graines de G.A. Zimmerman par George Slate.

 

CULTURE

 

CLIMAT

L’environnement idéal est un climat tempéré, côtier ou continental, avec des étés relativement chauds (mais pas torrides) et des hivers froids. La plante est classée comme rustique en zones  USDA 5-6. Elle résiste vraiment bien au froid (- 25 °C). Elle a des exigences importantes de froid durant la saison hivernale : 400 unités de froid (l’unité de froid correspond à la durée, en heures, pendant laquelle les températures restent inférieures à 7°C soit 45 °F). Lorsque ces conditions ne sont pas remplies, elle ne fleurit pas de manière satisfaisante au printemps suivant. Certains cultivars ont des besoins en froid hivernal moins importants. Pour la maturation des fruits, il faut une période exempte de gelées (période entre la dernière gelée de printemps et la première d’automne) d’au moins 160 jours.

 

SOL

Etant donné son environnement naturel d’origine (plaines alluvionnaires, bords de ruisseaux ou torrents, souvent soumis en surface ou en sous-sol à un écoulement d’eau, avec du terrain meuble, limoneux, riche en détritus ou résidus végétaux), il faut considérer cette plante comme peu résistante à un climat chaud-aride. L’Asiminier apprécie les terrains meubles et bien drainés et ne supporte pas les terrains inondés ou asphyxiés. Il préfère les terrains ayant un pH neutre ou sub-acide (entre 5,5 et 7,5).

.La plante adulte est adaptée à une exposition de plein soleil. Les grandes feuilles peuvent souffrir dans des sites exposés à des vents violents. L’Asiminier est une plante relativement frugale mais il a été constaté que dans son environnement naturel, lorsque les conditions de sol ou météorologiques sont critiques alors que sa survie n’est pas compromise, la fructification se trouve réduite ou quasi inexistante. En condition de sol riche, souple et profond, comme celui que l’on observe dans un potager, la plante peut produire une importante végétation et une fructification exagérée.

 

TRAVAUX CULTURAUX

Il est nécessaire de pratiquer des préparations profondes du terrain et de l'enrichir en nutriments. Pour ce deuxième point, la pratique du "mulching" est utile (fauchage et tonte de l’herbe sous la plante et abandon des résidus sur le sol). Il en est de même pour l’épandage de compost en surface afin de favoriser l’activité de lombrics et d’insectes dans le sol. De telles activités de décomposition ne dérangent pas les racines de la plante (présence des pesticides naturels dans celles-ci). L’enrichissement avec des résidus végétaux permet de maintenir le niveau adéquat d’humidité et d’acidité du terrain. Après la plantation, il convient d'éviter des lésions physiques engendrées par des travaux profonds. Les racines sont sensibles, souples, délicates et subissent facilement des dégâts.

Il est important deplanifier une plantation en considérant toujours les dimensions que la plante aura une fois adulte, c’est-à-dire une largeur maximale de 2,5-3 mètres et une hauteur maximale de 2,5 à 3,5 mètres lorsqu’elle est normalement conduite. Pour les plantations extensives, il faut compter 5 mètres entre les rangs et 3,50 mètres sur le rang, avec une orientation nord-sud. Les tailles hivernales de conduite sont importantes afin de contenir les dimensions de la plante, surtout en hauteur.

 

MALADIES - PARASITES - RAVAGEURS

Etant donné la "stratégie constitutionnelle" de la plante qui lui permet d’être un dépôt naturel de pesticide, il est compréhensible qu’elle soit exempte des divers types d’infestation par les insectes ou les nématodes, ou par d’autres agents pathogènes. Alors que la plante s’est spécialisée au fil du temps, certains insectes ont aussi évolué et sont devenus résistants au pesticide naturel de l’Asiminier. Autant dire que ces plantes sont devenues, pour ces insectes, des champs alimentaires sans concurrence. Mais de tels insectes ne présentent en général pas de problèmes majeurs pour la plante. En règle générale, il faut exclure toute application de pesticide. En outre, il est recommandé de faire attention à ce que les traitements appliqués aux autres plantes (par nébulisation par exemple) n'entrent pas en contact par le vent avec les asiminiers.

Il faut signaler qu'un papillon particulier, plutôt rare et intéressant, est attiré par les asiminiers. Il s'agit de Eurytides marcellus Cramer (le "zebra swallowtail butterfly", c'est à dire le papillon zébré à queue d'hirondelle). L'Asiminier est la plante hôte de sa chenille. Il y dépose ses oeufs. Les larves s'y développent en se nourrissant des feuilles, puis se transforment en chrysalides d'où sortent les individus adultes.
 

Eurytides Marcellus Cramer

Eurytides Marcellus Cramer.
Crédit : Megan McCarty (Wikipedia).
 

Les oiseaux et les insectes peuvent s’attaquer aux fruits, riches en sucres et arômes, d’autant plus s’ils sont abîmés.

 

MULTIPLICATION

 

SEMIS 

La reproduction par semis est assez facile. Les graines sont récoltées à partir de fruits mûrs et doivent être bien lavées. Elles peuvent être semées immédiatement. Elles peuvent être conservées sans traitements ultérieurs, mais doivent alors subir un processus de stratification dans de la terre ou dans du sable humide et froid (au gel). On peut aussi les placer dans le compartiment bas d'un réfrigérateur, mais il faut alors les emballer dans un chiffon humide. Important : les embryons des graines sont immatures et nécessitent impérativement les mêmes quantités de froid hivernal qu’une plante adulte, pour pouvoir entrer en dormance, mûrir et germer l’année suivante ; c'est la même technique que celle utilisée pour le cerisier, le pommier, le pêcher, l'abricotier, etc.  Lorsque les graines sont conservées constamment en environnement réfrigéré, elles gardent leur faculté germinative pendant quatre ans et plus.

La reproduction par semis est simple, mais elle ne garantit pas la conservation des caractéristiques de la plante mère. Il faut considérer le semis comme moyen de base pour la sélection de variétés ou comme source de porte-greffes. La germination des semis effectuée en terre neutre ou sub-acide, à mi-ombre et en sol relativement profond, est fortement influencée par la température. En pépinière, avec des températures comprises entre 24 et 29°C, il faut compter environ 9 semaines pour voir pousser les premières plantules. Toutefois, avec des températures optimales, comprises entre 28 et 32°C, il est possible de gagner deux semaines. Avec des semis effectués normalement en automne, la germination a lieu en juillet-août. Au début, les cotylédons n’émergent pas du sol ; le premier développement ne se fait que lorsqu’une longue racine de 15-25 cm  s'est formée. La jeune tige apparaît ensuite. Il est conseillé de légèrement ombrager les jeunes plantes durant les deux à trois premières années.

Les plantes de 10 à 15 cm de haut doivent être transplantées dans un pot profond, d’une hauteur comprise entre 35 et 40 cm, et peuvent être maintenues jusqu’à une hauteur allant de 60 à 100 cm, avant d’être plantées à l’emplacement définitif. Mais, au vu de la difficulté de transplantation, il est préférable de semer directement dans un grand contenant ou directement à l’emplacement final. La transplantation est une phase délicate qui doit s'effectuer en faisant attention de ne pas perdre la terre autour des racines. Des éventuels traumatismes des racines, liés à la transplantation, peuvent produire des arrêts végétatifs temporaires.

Mais maintenir longtemps la plante dans un pot peut aussi arrêter la croissance. Il vaut mieux transplanter les plantes dans le site définitif juste avant le réveil végétatif (début du mois de mars) ou à l’automne, mais pas en été ou au printemps avancé, même si, techniquement, avec des plantes en pots, la transplantation est possible en toutes saisons. S’il est possible de fournir de manière adéquate les protections et soins directement sur son emplacement définitif (irrigation, protection mécanique avec tuteurs et barrières, engrais, ombrage, etc.), il convient de transplanter dans le site final des plantes de dimension relativement petite.

 

GREFFE

La multiplication végétative par greffe est praticable avec un bon taux de réussite en utilisant les différentes techniques courantes de greffage. Ne pas oublier de distinguer les bourgeons végétatifs des boutons à fleurs (les bourgeons végétatifs sont étroits et longs). Ne pas oublier non plus que les branches coupées desquelles seront prélevés les bourgeons, ou avec lesquelles il est possible de préparer les greffes hivernales, ont les mêmes exigences en froid que la plante. Donc, en cas de conservation, maintien au réfrigérateur ou stratification en milieu froid.

 

DRAGEONS

Les asiminiers ont tendance à produire des drageons (rejets nés des racines superficielles). Ainsi, dans la nature, se forment de véritables bosquets constitués de plants développés à partir des drageons. La multiplication par prélèvements de drageons ne donne pas de bons résultats. Si l'on veut tenter de multiplier l'Asiminier par drageons, il convient de respecter le principe suivant : pour les Annonacées, il faut impérativement attendre le début du printemps pour récupérer un drageon en vue de le replanter avec succès. Mais il faut savoir que le réseau radical, qui est délicat, reste entier et est difficilement séparable ; il est difficile d'isoler les radicelles en état fonctionnel, c'est à dire dotées des capillaires radicaux terminaux (ceux-ci sont sensibles et se prêtent peu à être extraits du sol sans altération ou destruction).

 

BOUTURE - MARCOTTE

La reproduction par bouture ou marcotte ne donne pas souvent de bons résultats.

 

Pour en savoir plus sur l'Asiminier, je vous conseille l’excellent ouvrage écrit par Marc-Henri DOYON et Benjamin BAQUÉ : L'asiminier trilobé? Comment cultiver des mangues du nord® dans votre jardin. 2019. Pépinière Végétal 85 ( ISBN 978-2-490702-03-9). Clair, complet, bien illustré, très agréable à lire. Commandes à la pépinière Végétal 85.

 

 

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