Les fruitiers rares |
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Article publié en 2009. |
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Quelques rosiers à gros fruits
Au cours de la constitution de mon jardin botanique dédié aux fruitiers rares dans la région de Toulon, je recherchais avec quels fruitiers délimiter une parcelle de fruitiers sauvages jouxtant une collection d'espèces et variétés du genre Amelanchier. Il me fallait une haie homogène, mais je voulais éviter une haie uniforme. Je souhaitais aussi une haie qui ne serait pas encombrante. J'ai alors pensé à une haie de rosiers à gros fruits, constituée d'espèces et de variétés différentes. Ainsi, l'homogénéité était assurée par l'appartenance de tous les sujets au genre Rosa et la diversité était apportée par les ports différents et les couleurs de floraison variées. En outre, en choisissant des rosiers botaniques, j'assurais une sorte de continuité avec la parcelle des fruitiers sauvages. Je me suis orienté vers les espèces botaniques, souvent à grand développement et qui résistent aux maladies. J'ai adopté une distance de plantation de 1,50 m à 2 m, et j'ai tuteuré avec des piquets de bois les sujets les plus vigoureux. Les fruits de tous les rosiers sont comestibles crus. Naturellement, il faut consommer des fruits mûrs, c'est à dire ayant perdu leur fermeté. On peut aussi en faire de la confiture ou de la gelée, ainsi que des boissons. Compte tenu que l'on ne consomme que la paroi externe du fruit (celui-ci est creux et contient de nombreuses graines), il vaut mieux rechercher les espèces et variétés qui produisent les plus gros fruits. Je n'échapperai pas à la règle en précisant que ce qui est appelé usuellement "fruit" est en fait le conceptacle de la fleur qui est devenu charnu. Les fruits, au sens botanique, étant les akènes pourvus de poils situés à l'intérieur, appelés usuellement "graines" et qui contiennent les graines au sens botanique. On désigne également le conceptacle floral devenu charnu par le terme "cynorrhodon". Le cynorrhodon a aussi désigné un rosier, plus précisément l'églantier (Rosa canina L.), avant de désigner le conceptacle floral devenu charnu du rosier, que le grand public appelle le fruit. Ceci précisé, pour des raisons pratiques, j'utiliserai indifféremment les termes "fruit" et "cynorrhodon" comme des synonymes, selon le contexte...
MES CULTIVARS DE ROSIER A GROS FRUITS
La haie de rosiers que j'ai constituée comprend 9 rosiers intéressants par leurs fruits, la plupart en raison de la grosseur de ceux-ci : Rosa x gallica 'Scharlachglut', Rosa moyesii, Rosa canina, et Ruga rugosa (six variétés et hybrides). ROSA GALLICA 'SCHARLACHGLUT'' Hybride de Rosa gallica L. Cultivar très vigoureux. Dépasse 2 m de hauteur. Grande fleur rouge, simple. Gros fruits rouges ovoïdes plus ou moins allongés. Rosa x gallica 'Scharlachglut' : touffe.
Rosa x gallica 'Scharlachglut' : floraison.
Rosa x gallica 'Scharlachglut' : fleur. ROSA MOYESII Hemsl. & E. H. Wilson Espèce très vigoureuse. Dépasse 2 m de hauteur. Fleur simple d'un très beau rouge. Fruits rouges de taille moyenne en forme d'amphore allongée. Fructification spectaculaire très abondante. Je n'ai pas choisi cette espèce pour la grosseur de ses fruits, mais pour la forme de ceux-ci et surtout pour l'abondance de la fructification. Rosa moyesii : touffe.
Rosa moyesii : fleurs. ROSA CANINA L. Il s'agit de l'églantier, le plus commun des rosiers sauvages d'Europe. Espèce très vigoureuse dépassant 2 m de hauteur. Je ne l'ai pas introduit en collection pour la grosseur de ses fruits, mais pour l'abondance de sa fructification et, surtout, pour sa place particulière dans l'ethnobotanique (utilisation thérapeutique et alimentaire de ses fruits depuis des siècles...). On a initialement donné le nom de cynorrhodon à l'églantier, en tant que plante, avant que ce terme ne désigne pour tous les rosiers le conceptacle floral devenu charnu. Fruits rouges obovoïdes ou fuselés, de taille moyenne. Fructification très abondante. ROSA RUGOSA thunb. ET HYBRIDES Les variétés et hybrides de Rugosa rugosa Thunb. produisent des gros fruits rouges sphériques, aplatis à la base. J'ai planté six sujets : deux variétés, deux sélections, et deux hybrides. Rosa rugosa var. rosea : c'est la variété la plus répandue. Elle est vigoureuse (1,5 m). Fleur simple rose, peu ou pas parfumée. Très gros fruits rouges. Rosa rugosa var. alba : il s'agit de la variété à fleur simple blanc pur. Ses caractéristiques sont par ailleurs identiques à celles de la variété à fleur rose. Rosa rugosa var. alba : floraison.
Rosa rugosa var. alba : fleur. Rosa rugosa 'Juliette' : parmi tous les cultivars de Rosa rugosa Thunb. que j'ai testés, c'est celui qui produit les plus gros fruits (4 cm de diamètre), à paroi épaisse de surcroît. Rosa rugosa 'Juliette' est un cultivar non connu chez les rosiéristes et les pépiniéristes. Son nom lui a été donné par un passionné de fruitiers rares de la région des Landes, qui l'a sélectionné (voir article). Grande fleur (10 cm de diamètre) simple, de couleur rose. Rosa rugosa 'Scabrosa' : cultivar vigoureux (1,5 m). Très beau feuillage. Fleur simple rose profond. Gros fruits rouges. Rosa rugosa 'Scabrosa' : floraison.
Rosa rugosa 'Scabrosa' : fleur. Rosa x rugosa 'Frau Dagmar Hastrup' : cultivar de faible développement (0,80 m), à port prostré. Fleur simple, rose pâle, parfumée. Gros fruits rouges très intéressants. Rosa x rugosa 'Hansa' : cultivar assez vigoureux. Environ 1,20 m de haut. Feuillage vert sombre attractif. Fleur double rouge violacé très parfumée. Gros fruits rouges. C'est le cultivar aux fleurs les plus parfumées de ma haie de rosiers. Rosa x rugosa 'Hansa' : touffe.
Rosa x rugosa 'Hansa' : feuillage et fleur.
Rosa x rugosa 'Hansa' : floraison.
Rosa x rugosa 'Hansa' : fleur.
AUTRES ESPÈCES ET VARIETÉS INTÉRESSANTES PAR LEURS FRUITS
Je me suis intéressé à d'autres espèces et variétés de rosier qui produisent des gros fruits. Voici la sélection des spécimens que j'envisage d'introduire en collection. Rosa rugosa hybrides (autres culrivars) : l'introduction d'autres cultivars d'hybrides de Rosa rugosa Thunb. permettrait d'augmenter les récoltes de gros fruits, et de diversifier les floraisons par rapport aux cultivars que je possède déjà. Il en existe de nombreux. Il faut toutefois être très attentif au choix des hybrides de Rosa rugosa car certains sont stériles et d'autres peu fructifères. Pour le moment, j'ai déjà retenu les cultivars suivants : 'Carmen' (fleur simple rouge profond, parfumée, gros fruits rouges), 'Blanc Double de Coubert' (fleur double blanc pur, très parfumée, gros fruits rouges), 'Belle Poitevine' (fleur double rose profond, pétales ondulés, parfumée, gros fruits rouges), 'Agnès' (fructification faible, mais fleur double jaune crème au parfum citronné). Rosa villosa L. 'Karpatia' : sélection fruitière slovaque parmi les formes sauvages poussant spontanément dans les Balkans et dans la partie sud de L'Europe centrale. Obtention de l'institut de recherches sur les plantes fruitières et ornementales de Bojnice, en 1973. Plantations commerciales en Slovaquie. Arbuste très vigoureux, à port dressé et à branches multiples, haut de 2 m à 2,50 m. Très résistant au froi, et acceptant bi, ainsi que le temps froid et humide. Fructification deuxième quinzaine d'août. Mise à fruit rapide (deux à trois ans après la plantation). Très fructifère (environ 5 kg de fruits pour un arbuste âgé de cinq ans). Gros fruits cylindriques ou pyriformes de 35 mm de long, portés en grappes de 2 à 3, de couleur rouge vif. Bonne qualité gustative. Intérêt nutritionnel : 1000-1560 mg de vitamine C pour 100 g de fruits frais. Le fruit requiert un temps sec pendant la période de maturation. Rosa macrophylla Lindl. : originaire de l'Himalaya. Espèce très vigoureuse (3/4 m). Fleur simple rose. Produit de très longs fruits (4 cm et jusqu'à 7 cm), en forme d'amphore allongée et de couleur rouge. J'ai repéré le cultivar 'Master Hugh' (semis de hasard), réputé pour la grosseur exceptionnelle de ses fruits. Rosa cinnamomea L. (synonyme Rosa majalis Herrm.) : originaire d'Europe et d'Asie centrale. Espèce vigoureuse (1,5 à 2 m). Fleur simple rose. Gros fruits rouges ovoïdes plus ou moins allongés. Rosa sweginzowii Koehne var. macrocarpa : originaire du nord-ouest de la Chine. Espèce vigoureuse (jusqu'à 4 m de haut). Fleur simple rose. Fruits obovoïdes de 5 cm de long et 2 cm de large. J'ai beaucoup de difficultés à acquérir la variété macrocarpa que je recherche depuis dix ans.
CONSOMMATION DU CYNORRHODON
CONSOMMATION DU CYNORRHODON CRU Pour la consommation du cynorrhodon cru, il faut avoir à l'esprit que la partie comestible est la paroi externe. Il faut tout d'abord trancher horizontalement le sommet du cynorrhodon pour éliminer le reste du calice et des étamines. Il faut ensuite couper le cynorrhodon en deux dans le sens de la longueur et, avec la pointe du couteau, le vider. L'intérieur, qui est creux, contient des akènes pourvus de poils (appelés familièrement "graines", les vraies graines étant à l'intérieur des akènes). On trouve aussi, au-dessus des akènes, le reste
des styles et des stigmates. Une fois l'intérieur vidé de son contenu, il faut éliminer sur chacune des deux moitiés du cynorrhodon le point d'attache du pédoncule, de texture grossière, en le découpant avec la pointe du couteau. Je préfère cette technique plutôt que celle qui consiste à trancher horizontalement le pôle du point d'attache du pédoncule lorsque le cynorrhodon est encore entier. Cette dernière fait perdre de la chair comestible. Le cynorrhodon est réduit à deux moitiés vides, généralement en forme de demi-barils. En campagne ou au jardin, on raclera légèrement, mais méticuleusement, la surface interne avec la pointe du couteau pour éliminer toute trace de poils. En cuisine, on peut terminer le nettoyage de l'intérieur du cynorrhodon dans l'eau, en grattant avec les doigts. Pour les cultivars à peau épaisse, il vaut mieux peler les demi-cynorrhodons vides. La chair du fruit n'a pas une saveur marquée, mais son goût rappelle celui de la pomme. L'UTILISATION ALIMENTAIRE DU CYNORRHODON François Couplan est un ethnobotaniste spécialiste des utilisations traditionnelles des plantes sauvages, qu'il a étudiées sur les cinq continents. Son site Internet présente les nombreuses activités qu'il propose : ateliers, stages et randonnées (découverte et utilisation des plantes sauvages comestibles et officinales, survie douce, techniques de vie primitive etc.). Sont également présentées l'association (Les Plantes, Source de Vie) et l'école (Collège Pratique d'Ethnobotanique) animées par François Couplan. On trouve aussi sur le site le répertoire des ouvrages qu'il a publiés et que l'on peut commander directement, un service photothèque (plusieurs dizaines de milliers de photographies) et des dossiers plantes. Parmi ces derniers, celui consacré à un "fruit" méconnu : le cynorrhodon. On consultera ce dossier avec intérêt, notamment pour les utilisations alimentaires et pour le lien original vers la recette de la soupe suédoise aux cynorrhodons. Lire le dossier sur le site de François Couplan. LIQUEUR DE GARGAILLOUX Gargailloux est le nom donné dans le Berry aux cynorrhodons de l'églantier (Rosa canina L.). Mettre deux belles poignées de gargailloux bien mûrs (mous) dans un litre d'eau-de-vie. Laisser macérer douze mois. Filtrer, et ajouter cinq cents grammes de sucre dilués dans un grand verre d'eau. Mettre en bouteille.
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